Corée du Nord, 7 ans.
La population est envoyée à l’abri à cause de la guerre nucléaire. Jaehwa est retrouvé, totalement seul, dans la maison familiale. Il est mal nourri, a l’avant-bras ouvert sur toute sa longueur et saigne abondamment. La plaie est fraîche et légèrement infectée. Des soldats qui passaient dans la région pour rassembler des denrées nécessaires à la survie de la population l’emmènent avec eux et le placent dans un camp de réfugier voisin, où se trouvent d'autres orphelins. Un seul prénom demeure sur ses lèvres : Jaewon. Impossible d’identifier de qui il s’agit. Il refuse de parler de lui, de donner des indications. De toute façon, il est trop jeune pour se rappeler quoi que ce soit, disent les hommes qui l’emmènent au centre. La Corée du Nord n’est plus ce qu’elle était. Le monde touche à sa fin, mais l’Abri reste un espoir. On promet de les emmener là-bas. Pendant près d'un an, il suit groupe de réfugiés qui font route vers l'Abri, sans savoir où il allait, encore moins pourquoi.

Cordée du Sud, 8 ans.
Quand il arrive à l'Abri, environ un an plus tard, et qu’on lui donne à manger, il s’empiffre de tout ce qui lui passe sous la main. Ce n’est plus le moment de se poser ce genre de questions. Jaehwa est confus. Il ignore où sont ses parents. D’où il vient. Son estomac le fait souffrir. Il passe des heures à tourner en rond comme un lion en cage. Il a l’air bien moins malingre qu’à son arrivée, mais il fait preuve d’un énorme besoin de bouger, de se défouler. Il a l’impression d’être surveillé, entendu, alors il ne parle pas beaucoup. Maman lui a dit de ne rien dire si on venait le chercher. Elle dit que tout le monde peut l’entendre et qu’il aura des problèmes s’il explique où ils sont partis.

Abri, 16 ans.
Jaehwa suit une formation afin de faire partie des défenseurs. Il a bien grandi et son corps s’est développé bien plus qu’ils ne l’imaginaient. Il possède un tempérament de feu, mais on pense qu’il sera suffisamment fort pour ce rôle. Il fête son seizième anniversaire et commence à travailler en tant que défenseur. Il ne s’entend pas avec ses collègues, une première bagarre éclate.

Abri, 18 ans.
Jaehwa est renvoyé de son poste de défenseur. Jaehwa n’est pas fait pour travailler en équipe et crée plus de problèmes qu’autre chose. Impossible de lui faire entendre raison, il refuse de faire partie des soldats et demande à pouvoir rester à l’Abri. Jugeant qu’il n’y est pas utile, on lui propose un autre poste, parmi les explorateurs. Il choisit de devenir espion et jure de ne pas s’attirer d’ennuis inutilement. Sa promesse ne vaut rien, mais il a appris à mentir depuis son plus jeune âge. Cependant, avant d'atteindre son objectif, il lui faut trois ans de formation. Ce n'est qu'à l'âge de 21 ans qu'il pourra s'éloigner de l'équipe et être un peu plus libre. Mais il sent que ce poste est fait pour lui. Ne vient-il pas d’une région où l’on est qualifié de menteur pour un rien ? Il préférerait vivre à l’intérieur de l’Abri jusqu’à la fin de sa vie. Là, au moins, il est en sécurité et a à manger. Les souvenirs qu’il garde de son enfance sont suffisants pour le dissuader de partir, bien qu’il n’en ait pas le choix. C'est donc à l'âge de 21 ans qu'il obtient une place d'espion, après une formation de trois ans.

Abri, 24 ans.
Se rendre sans cesse dans un camp ennemi ne l’aide pas, il a du mal à décider qui a tort et qui a raison, alors il prend son travail moins à cœur, même s’il prétend approuver les méthodes de l’Abri. C’est un jeu dangereux. Il perd parfois son temps lorsqu’il se rend en mission, mais essaie de s’en sortir sans dommage. On mentirait en affirmant qu’il n’a tué personne, encore plus en disant qu’il s’en veut de l’avoir fait. Plusieurs fois, il a dû se battre à cause d’un manque d’attention, d’un moment d’égarement qui l’a fait démasquer, mais il a fait de son mieux pour que les gens de l’abri ne l’apprennent pas. Chaque jour, il écoute des conversations, joue un rôle qui ne lui revient pas, parfois, mais la plupart du temps, lorsque c’est possible, il essaie de rester à distance et de ne pas se faire repérer. Il lui arrive de voler, que cela soit pour l’abri ou pour son bénéfice personnel.

Une chose est certaine : si quelque chose venait à mal tourner, il s’en sortirait seul. Seul ? Pas totalement, il se débrouillerait pour sauver Kwangsun également. Son meilleur ami a tout fait pour l’accompagner dehors, au moment où il a été démis de son rôle de défenseur. Il lui doit bien ça.