Parler de toi. C'est certainement quelque chose que tu sais faire, oui, mais pour mieux éviter les tâches noires du magnifique tableau que tu es. Du nom de famille Wang, qui t'as été donné du mariage de tes parents, et de la filiale paternelle, tu te fais appelé Kwang Sun à la naissance. Un prénom qui te suivras toute ta vie, qui définira qui tu es réellement. Un Dieu. Aujourd'hui encore, tu ne sais pourquoi tes parents ont décidé de te prénommer ainsi sur les papiers de ton acte de naissance, mais il est collé à ta peau, gravé dans ta chair. Et bien que ta beauté puisse rivaliser avec celle d'une divinité, tu n'avais rien d'un Dieu.

En grandissant, tu as découvert le monde. Tu as appris à parler, tu as été à l'école, afin de parfaire ton sens de la communication et tu étais même plutôt calme comme enfant. Jusqu'à tes huit ans, tu as toujours été dans le sens de tes parents, tu as fait ce qu'il fallait, comme il fallait, tu les sentais fiers de toi, mais plus ça allait, plus le temps passait, et plus tu te rendais compte que quelque chose ne tournait plus rond. La Terre était en danger, tu allais être protégé.

De leur pouvoir, de leur richesse, de leur ancien statut, tes parents t'ont promis de tout faire pour que tu sois en sécurité, que tu sois un des premiers à survivre, parce que cela faisait des années qu'ils se préparaient à ce que la Guerre éclate, alors il fallait que tu sois prêt pour l'évidence. Ce jour-là, lorsque la lumière fut celle d'un générateur et non celle du soleil, caché ou non derrière les nuages, tu as changé. Profondément. N'importe qui aurait pu devenir fou sans les nutriments naturels du monde extérieur, toi, tu as seulement évolué de manière différente. Pas fou, mais tu es devenu ... Particulier.

Né en novembre, le premier du mois pour être exact, tu as fini par presque oublier ta date de naissance. Si elle n'avait pas été sur tes papiers, tu l'aurais certainement effacé inconsciemment de ta mémoire. Tes parents étaient occupés, l'un siégeant en tant que Conseiller, l'autre sans arrêt à maintenir une place équilibrée au sein de l'Abri 826. Personne n'avait le temps de fêter tes anniversaires, c'était devenu obsolète. Jusqu'à ce que tu le rencontres "lui".

Un jour, "ils" ont commencé à parler sur toi, à dire des choses que tu n'aimais pas, et un jour, oui un beau jour, tu es rentré à "la maison" avec des bleus sur la figure et la lèvre fendue. Tu avais horreur des rumeurs que l'on disait sur toi, et c'est pour cette raison que tu es devenu impulsif et bagarreur. Et bien que l'on t'ait inscrit très tôt aux séances d'entraînement et aux cours de survie, ça n'a jamais calmé ce côté ardent et indomptable de ta personnalité.

Enfant gâté, putain de narcissique, petit con de première, bête sauvage. Voilà les surnoms que l'on te donne au fil des années. Il y en a eu plein d'autres, des tas d'autres, mais tu ne les retiens jamais, parce que ça n'a pas d'importance. Tu aimes sourire lorsque tu en entends un nouveau, mais tu t'en fiches. Que l'on vienne te le dire en face, ça changera des hypocrites qui crachaient leur venin sur ton dos. Et puis l'heure de la liberté semblait sonner pour toi, tu n'as pas hésité, tu as sauté sur l'occasion.

Deux ans que tu peux explorer, dégourdir tes jambes dans la nature, et bien que le monde soit chaotique et cruel, qu'il n'est plus ce que tu as connu il y avait dix-sept ans, tu es intérieurement heureux de pouvoir employer le champ lexical de la liberté dans tes phrases. Tu es quelqu'un qui écoute, et qui excelle dans sa branche, tu as tout fait pour qu'on te remarque autrement que par le statut de tes parents. L'argent ne sert à rien ici, les pouvoirs sociaux ont également disparu, il reste quand même quelques différences. Rien ne peut être parfaitement teinté d'une même couleur, il y a forcément des nuances, des tâches.