La peur s’en est allée. Péché de gourmandise, son avidité l’a mené à sa perte. Tu l’as dupé de ton parfum doux et sucré. Tu lui as ouvert la voie jusqu’à toi. Puis, tu donnas l’ordre à ta cavalerie mélodieuse de donner l’assaut. En proie à la déferlante de flots déchainés,  la sournoise tentatrice a déposé les armes à tes pieds. Victorieuse, tu l’as condamné à l’exil, chassé de mon esprit où elle n’avait plus droit de cité. Avec elle, elle emporta sa nouvelle amante, ma raison.

Agenouillée sur le sol froid et rugueux, sur mes cuisses repose la tête de Yorell. Dans un geste rituel, d’une main, mes doigts massent sa chevelure dans une infime caresse. Je commence à ressentir de mieux en mieux la couche de crasse qui les recouvre. La cicatrisation se fait peu à peu. Mon esprit est ailleurs mais mon instinct me dicte de le couver. Il souffre tant. Les autres aussi, alors pourquoi lui ? Je ne sais. Peut-être simplement parce qu’il est toujours le plus proche. Mes méninges ne sont plus guère en mesure de réfléchir à une cause. Elles se sont assoupies, lorsque leur tutrice la raison les a abandonnés à leur sort. Alors, elles se laissent bercer par tes mélodies envoûtantes en attendant de se réveiller, d’un baisé enchanteur… ou mortel.

De mon autre main, le bout de mes doigts pianote. Ils répètent, encore et encore, les mouvements par lesquels épouser les touches du clavier. Il n’y a plus que toi dans mon esprit : la musique. Tu es entrée en moi, le jour où pour la première fois, je t’ai dérobé quelques plaintes de mon touché maladroit sur le piano. Tu as exprimé, les gémissements de douleur qui saignaient mes doigts meurtris. Je ne savais comment faire, jusqu’à ce qu’un voile se dépose sur mes épaules. Une présence, une main posée sur le dos de la mienne. Hwon, tu es celui qui est venu se tenir à mes côtés ce jour-là, n’est-ce pas ? Peu à peu, j’ai appris. Je répète et étudie, de mémoire, chaque minute passée dans cette cage. La musique m’emporte et je voyage vers de nouveaux et somptueux paysages. Ceux représentés dans les livres que mes rétines ont imprimés. J’ai senti ta présence, comme une évidence. La musique s’est substituée à ma raison. J’attends impatiemment chaque jour, l’arrivée de mes geôliers pour aller vous retrouver. Es-tu apparu en réponse à mon appel ? Je ne vis plus que pour jouer de cet instrument. Je ne vis plus dans ce monde mais un nouveau peint à l’encre des notes sur une partition. Hwon… Si tu es ainsi à mes côtés, cela signifie que tu ne vis plus non ? Mes iris sont tombés dans le gouffre du néant. Attends-moi. Je ne vais plus tarder à te rejoindre… Que les larmes roulent, sur la peau d’un visage devenu insensible, le sourire ne s’éteint. Alors, attends-moi juste encore un peu et je te reviendrais. A tes yeux, mon sourire à nouveau, j’offrirai. Dessin figé à l’encre de chine sur des lèvres écorchées. Regarde…

La porte s’ouvre. Un nouveau compagnon nous rejoint. Sur sa silhouette, mes yeux se posent, dénuée de pensées. Des lames de rasoirs cisaillent ma gorge lorsqu’une fois nos bourreaux repartis, je m’adresse à lui d’une voix demeurant néanmoins plutôt douce, peut-être parce que chuchotée : « Bienvenue, mets-toi à l’aise, tu vas rester ici un moment. » Léger sourire inadéquat, je n’éprouve pourtant pas une once de sadisme. « A moins qu’ils ne soient trop impatients de venir de chercher. » Tel un nouveau jouet que ces monstres auraient hâte d’arracher brutalement de son emballage à peine abîmé…

Les yeux clos, la tête contre le mur, j'écoute. La patience est une qualité qui ne me va pas. Alors que c'est que j'enseigne à ses bras cassés à ceux qui devront sortir défendre les nôtres. La patience et observer. Comme un môme, je me suis fait avoir. Un feu, des brindilles, j'aurai dû gueuler pour que l'équipe me rejoigne. Sauf que c'était trop tard. Et là, dans cette endroit, tout me revient. Mon entêtement à vouloir continuer. Le regard noir que j'ai lancé en rappelant que je n'étais pas un soldat, que mes preuves parlaient pour moi.

Une voix déchirée me tire de mes pensés. Mon regard cherché la source, avant de grimacer. Ils ne l'ont pas raté. Un sourire froid étire mes lèvres à sa phrase. Un silence de ma part comme réponse. L'écoutant encore alors que mon regard se pose sur ceux qui comme moi sont captifs. Avant de simplement refermer les yeux et attendre. Mon équipe va leur signaler ma disparition. Qu'elle vienne, je l'attends Après tout, la mort n'est-elle pas notre meilleure alliée ?

Ta mélodie qui continue de se jouer dans mon esprit est soudainement interrompue par une voix de baryton désaccordée. Tonalité grave qui casse le rythme et déséquilibre l’harmonie. Le voile de l’errance se lève peu à peu au fil que sur cette nouvelle silhouette mon regard se relève. Mes iris le scrutent. Le néant dans lequel ils peuvent sembler être noyés le dévisage et sonde son âme. Tandis que mes mots ont été masculins pluriels, sa réponse s’était faite féminin et singulière. Sous-entend-t-il son attente de la faucheuse ? Un troublant rictus nait sur mes lèvres. « Tu viens de la Main Rouge, n’est-ce pas ? » Il n’a pas besoin de répondre, lui si avare en paroles. Tout autant que sa main le prouve, ma mémoire se rappelle. Les traits de son visage, sa silhouette ne me sont pas étrangères.  « Maitre de tir… » prononce-je son statut au sein de son clan dans un souffle bien distinct. En mon for intérieur, ma voix muette articule  les syllabes de son nom Cho - Hyun - Ki. Peut-être se demande-t-il d’où je détiens cette information. Je ne connais là point d’imprudence quant au secret de mon identité et lui dévoile un indice sur l’origine biaisée de mon savoir : « Maintenant tombé de ta tour de guet, tu te retrouves au même niveau que les insectes. » Once d’amertume dans le timbre de ma voix, je n’ai oublié son coup de feu destiné tant à m’effrayer qu’à envoyer un signe de menace aux veilleurs et habitants de l’Abri dressés face aux portes de la prison de Main Rouge.   Prédateur déchu s’en remet-il désormais à la mort pour trouver issu à son triste sort ? Pourquoi ? Pourquoi nous transformons-nous tous en esclaves des dieux funestes dans l’attente qu’ils daignent venir consumer notre âme ? L’arracher à notre corps dont elle ne peut plus supporter la déchéance en guise de délivrance… Le souhaite-je aussi ? Persuadée du trépas de mon aimée, de la bouche des faucheurs, j’attends d’entendre mon nom par trois fois prononcé. Mais lequel ? Eux qui ne sont parvenus à capturer Ra On dans le filet de leur sortilège. Et si… Dans le brasier essoufflé, une petite étincelle crépite encore. Lueur persévérante qui grandit timidement à la vue du tireur, tu portes le nom d’Espoir. Lui, il saurait me le dire. Lui, il détient l’information que je désire tant. Mes lèvres asséchées s’entrouvrent à nouveau : « … » Aucun son ne franchit la frontière de mes lèvres. Cordes vocales immobiles dans une gorge nouée, pourquoi suis-je incapable de saisir pareille occasion d’enfin obtenir réponse au plus grand de mes tourments ? Parce que j’en ai peur… A la pensée de celui que j’ai aimé et ne cesserait jamais d’aimer, avec  toi Espoir, elle est réapparue : la peur. Si j’apprends en cet instant que Hwon n’est plus alors, je pourrais m’arracher moi-même le coeur de ma poitrine, déchirant ma chair de mes… Sur le bout de mes doigts bander mes yeux se posent. Je n’ai plus d’ongles. Qu’importe, j’aurais toujours des chaines pour m’étrangler. Mais, ma langue si valeureuse semble avoir perdu d sa bravoure et les mots qui me taraudent je n’énonce. Du bout de mes lèvres, d’autres questions se dessinent : « Te souviens-tu de quelque chose ? Comment ils sont parvenus à te prendre et où ? »

Attendre la mort comme une vieille amie. C'est un peu mon état d'esprit à l'instant. Quoi que je me demande si l'équipe est rentré au QG, si oui, ils doivent être entrain de s'organiser pour la recherche. Pour les autres, nous sommes des monstres à la Main Rouge. C'est tout l'inverse, même si nous tuons en signant du sang de nos victimes, nous sommes une grande famille. Chacun à sa place, chacun apporte une pierre à l'édifice. Mais nous savons qu'on abandonnera pas l'un des nôtres. Pourtant, je me prépare à la mort aucun où elle viendrait m'eteindre à n'importe quel instant. Les yeux fermés, j'écoute cette voix casée me parler. Elle réussit à m'intéresser en donnant mon grade. Mon regard se pose sur elle dans la pénombre. Comment sait-elle que je suis le maître de Tir ? L'information suivant, m'arrache un rictus. Le coup de l'insecte, cette manœuvre pour rappeler qu'ils étaient sur notre territoire, que nous avions les droits sur eux. Un simple tire sur un arbre, derrière une enfant. J'entends encore les rires des autres à ma blague. Mais ce jour-là, ce n'était pas le maître de tir sur les remparts juste un simple soldat. Donc cette gamine sait qui je suis.... Mon regard neutre sur elle, rien ne peut lui indiquer dans mon comportement qu'elle m'intrigue plus que de raison. Tu n'as pas besoin de savoir tout ça. leur apprendre qu'un membre de la MR s'est fait avoir comme un débutant avec leur propre tactique.

Décidément, en cinq années rien ne semble avoir changé. Hyun Ki est toujours aussi froid et grognon à l’instar de Ren qui se bornait à ses conneries comme débitées, fidèle à lui-même devant la porte de la prison de la Main Rouge. Kyung Hong Oppa non plus… Instinctivement, mes doigts se délassent de la chevelure poisseuse de Yorell pour monter, rejoints par leurs jumeaux, jusqu’à mon front dont j’effleure la peau du bout de mes phalanges bandées. Une pensée pour son geste ce jour-là, sa vigoureuse pichenette pour m’avertir de faire profil bas m’avait troublé au milieu des méandres de l’agitation soudaine, provoqués notamment par la balle du tireur. L’espace d’un instant, à l’insu de tous, j’avais été en proie au doute d’être reconnu à cause de cette punition qui m’était aussi familière que probablement inattendue aux yeux des étrangers. Bref moment évasif, j’abaisse ensuite mes mains pour dévoiler mon visage renfrogné. « Yah, crois-tu que je te demande pour le plaisir de faire la causette ? » persifle-je discrètement mais fermement. J’ai conscience d’attirer les regards de mes partenaires de cellule mais qu’importe. L’arrivé du sang neuf et encore plein de vitalité de notre nouveau camarade d’infortune ravive en moi la flamme essoufflée de mon tempérament. « Depuis que nous sommes ici, nous ne savons rien de leurs intentions ni de leurs progressions. » Plus que de ses inconnus encore, nous sommes les prisonniers de l’ignorance, et je déteste ça. « Les nôtres nous recherchent probablement, mais ils feraient peut-être mieux de privilégier leur sécurité. » Si la fin est venue pour nous comme ils semblent tous y être résignés alors nos collègues, amis et familles ne devraient probablement pas s’exposer au danger mais préparer leur défense de cette menace s’étendant vraisemblablement peu à peu sur les terres désolées. « Tous les clans sont concernés, et même la si puissante Main Rouge a des enfants encore vulnérables à protéger. » raille-je non sans une once d’amertume, car peut-être prônent-ils le tant pis pour les faibles, pour eux aussi, la pérennité de leur clan dépend en grande partie de la préservation de la plus jeune génération.« Alors, où as-tu été capturé ? Sont-ils si proches de nos clans ? » Parce que si je suis condamnée, je ne suis pas moins inquiète du sort qui pourrait s’abattre sur mes proches, sur les membres de chaque clan…

Il avait la peau blanche. Aucun plaisir pourtant. Livide, les cernes bleus, les joues creuses, le regard terne et tout son corps... écoeurant. Soo Hyun ne se reconnaissait plus. Il n'était plus qu'un corps désespéré à la recherche de son âme combattante. Des bleus plein la peau, les cheveux qui commençaient à tomber à cause de la malnutrition, c'est envie de vomir constante à cause de l'odeur ambiante, ce mal de rein parce que l'assise du sol n'était pas confortable, la gorge sèche parce que l'air trop sec. Le brun était tellement fatigué qu'il n'arrivait même pas à pleurer. On l'avait mis en binôme avec cette fille de l'abris. Il devait chanter – juste et beau, sinon il payait ses fausses notes, et elle, elle jouait, avec ses doigts endoloris. Ils n'étaient pas à la Main Rouge, il en était certain et Soo Hyun réfléchissait, encore et encore, à quel genre de personnes pouvaient faire endurer cela à d'autres. Il lui semblait que même les membres de la Main Rouge étaient moins cruels. Du moins, en pensant à l'homme qu'il aimait, il l'espérait. Un homme de la main rouge vint les rejoindre mais il ne disait rien à notre Veilleur. Néanmoins, ladite Yeonwoo semblait le connaître. « Tu le connais d'où ? » se permettait-il enfin de demander, la voix cassée. S'il continuait ce rythme de travail, bientôt, il n'allait plus pouvoir satisfaire la demande de l'occupant... Cela lui faisait froid dans le dos. Cet homme semblait cependant peu enclin à parler. Ici, même si Soo Hyun avait du mal à l'accepter, ils n'étaient pas ennemis et il valait mieux qu'ils deviennent soudés pour se sortir de là, malgré le fait que le Veilleur soit à bout de force. « Imaginons qu'il ait été pris près de la Prison, zone sud. L'unité de Yorell dans la zone Nord, personnellement je traînais près de la bibliothèque, donc la zone Ouest. » Il soupira. « En d'autres termes, ils ont sans doute couvert tout Suwon déjà. Et ils attendent de passer à l'attaque. » Il réfléchit un instant. « Ils nous ont capturé discrètement... Ils ont sûrement des espions et des éclaireurs. » Encore il allait fouiller dans sa mémoire pour se remémorer tout ce qu'il avait pu vivre, peut-être qu'il trouverait un moyen de s'en sortir ? Etait-ce trop rêver ?

Face à l’éloquence de notre nouveau colocataire, c’est la voix devenue des plus familières de Soo Hyun qui parvient à mes oreilles. Un léger et imperceptible sursaut m’assaille à sa question. Aurais-je commis une imprudence en m’adressant au maitre de tir ? Outre sa fonction peut-être, au moins celui-ci depuis la rencontre aux portes de la prison, tout comme Yorell pourrait témoigner que mon attitude familière n’a rien de particulièrement suspecte. Je suis faite ainsi, franche et spontanée. Le veilleur ne m’a sans doute que trop connue éteinte depuis son arrivée dans notre charmante alcôve. A l’instar de mes pairs captifs, je me suis laissée dépérir. J’ai fui la réalité par le biais de mon imaginaire mélodieux. Je me suis détachée du monde, mais en cet instant, une faible étincelle scintille à nouveau au fond de mes yeux. Je ne saurais mettre le mot espoir sur mon ressenti, je le nommerai, pour le moment, juste détermination. « J’ai flashé sur lui après que ce bel homme est feint de me tirer dessus, alors, je me suis renseignée sur son compte. Mais, je ne dévoilerai pas mes sources, » lui réponds-je, accompagné d’un battement de cils bien moins vivaces que l’intention. N’être plus que l’ombre de moi-même signifie cependant qu’il me reste encore une partie de mon être. Puis, je tais. Oreille attentive, j’écoute sa réflexion. Ils auraient déjà quadrillés tout le territoire de Suwon… Les nôtres sont en danger, mais ont-ils seulement conscience de la menace qui pèse sur eux ? Mes muscles se mettent à frémir. J’arrache encore. J’ignore d’où me revient cette nouvelle vigueur. Masque à double visage, ne serait-ce pas plutôt l’ardeur du désespoir qui m’anime soudainement ? Comme un dernier effort avant la fin ? Plus encore que la torture, l’impuissance face aux périls de nos proches me rend folle. Je fulmine d’une révulsion qui réchauffe mon corps tant affaibli. « Nous pouvons toujours essayer de les affaiblir de l’intérieur, » lâche-je soudainement dans un souffle glacé, juste assez audible pour que mes pairs détenus m’entendent sans que le son ne franchisse les murs de notre geôle. Je devine leur surprise et leur scepticisme. Ils pensent sans doute que je divague. « Rendons les malades. » Je les regarde un par un, incertaine que quiconque daigne m’écouter, habituée à n’être considérée que comme la gamine. Eh bien pour une fois, je donne mon accord à répondre au nom de microbe. « Nous macérons dans la crasse et l’immondice, cette cellule et nous-même pullulons de microbes et bactéries. Or, ces idiots nous nous exhibent, Soo Hyun et moi pendant leurs repas, sans nous accorder la moindre mesure d’hygiène. » Nous sommes impuissants. Nous ne pouvons pas nous échapper de notre prison, mais nulle porte ne saurait arrêter nos chers colocataires invisibles et grouillants certainement par milliers. « Si vraiment nous devons y passer, autant être utiles aux nôtres. Soyons vecteurs de la mort. Déposons la dans leurs assiettes. » C’est une façon de parler, mais nous avons une réelle chance de les atteindre par ce biais. Les bactéries peuvent détenir le pouvoir se répandre facilement et rapidement. De la salive au dépôt de nos mains, quelques postillons, un touché… Quitte à cracher notre sang infectieux aux visages de nos bourreaux. Je remercie en mon for intérieur les connaissances transmises par Ji Hyuk, chef du département médical et mon tuteur depuis cinq ans, qui, avant que je ne m’engage dans les unités d’explorations m’avait aiguillé sur la voie de la médecine. « A défaut de vraiment les tuer, quelques soient leurs moyens médicaux, une épidémie est toujours un fléau handicapant et  ralentirait au moins leur progression pour un temps. » Je fixe alors Soo Hyun. Sans doute serions-nous les deux agents les plus efficaces et néfastes s’il accepte de suivre le mouvement. Cela signifie aussi que nous serons les deux plus touchés très certainement par la maladie, que nous devrions nous assurer de bien la contracter. S’il n’y a plus d’espoir pour nous alors, n’est-ce pas la meilleure issue que de tenter un sacrifice utile à tous nos clans ?

Au plus elle parle, au plus elle m'intrigue. Mes yeux sont ouverts, ma tête contre l'écoutant parler. Cette voix me rappelle de lointain souvenir, ou plutôt l'air indignée qu'elle utilise mais je ne sais dire d'où et de quand. Alors tais-toi Mon mal de tête refait surface alors qu'elle jacasse, essayant certainement que je lui donne des informations. Mais plus elle parle, plus elle m'en donne. Ils ne savent rien, nos geôliers ne leur ont pas parler. Un sourire fleurir sur mon visage et disparaît très vite. C'est notre genre à la main rouge ce comportement. Avons-nous attisé la colère de d'autres survivants? Et c'est là qu'un déclenchement de fait dans mon esprit. D'autres survivants à moins que les goules ont encore mutés mais ça nous l'auront su. Il faudrait faire des expériences pour voir si c'est possible. Elle me sort de mes pensés en parlant des enfants. Un frisson parcourt mon corps en pensant à eux. Avant de me rappeler qu'ils sont en sécurité entre les murs de la prison et que certains sont heureux de la disparition de l'acariatre prof de tire.

Mon regard se pose sur elle, mes lèvres s'écartent pour lui répondre quand un autre prend la parole. Mon regard sombre de pose sur celui qui parle. Son visage cireux, ses traits me font comprendre que les autres, appelons les comme ça, se servent des prisonniers pour faire quoi? J'essaye de réfléchir, de trouver une information dans cette pièce si mal éclairer pour comprendre où nous sommes. Même si je ne suis pas l'un de ceux qui sort de la zone securitere des murs, il m'arrive d'étudier nos cartes et les informations relater par les miens. Leur intermèdes pour savoir comment elle me connaît est finie, sa réponse m'arrache un sourire étrangement amusé.

Les suppositions de l'homme me met mal à l'aise. Dois-je leur dire où j'ai été prit. Ce que je faisais là bas. Et si on se fait libérer, je ne sais comment. Ils vont relater les informations à leur chef. Me voilà devant un dilemme. Alors je continue à les écouter. Avant de rire à la proposition de la fillette. Elle est assez amusante. Si ils ont vécu en dehors de l'abri, ils sont immunisé contre quelques maladies. Exposé aux variations, les corps se protègent. Gosse, je pensais que j'allais avoir de super pouvoir avant de comprendre que pour protéger la famille, il fallait que j'apprenne à tirer. Chose que j'ai fait pour défendre ma soeur. Comme vous l'avez remarqué. La main avec la marque, je la lève pour la montrer dans la pénombre. L'un des leur a disparu. Je ne sais depuis quand je n'ai pas donné signe de vie. Que puis-je vraiment dire sans trahir les miens? Ils ont certainement acceptés l'Alliance mais. Là, je les fixe tout les deux avec un sourire mauvais. Pour eux, je suis mort.

Les rêves ne sont plus mon unique réconfort dans cet enfer. Ils ont laissé place aux cauchemars les plus virulents que je n'ai jamais eu de toute ma vie. Des cauchemars à l'image de la douleur, le dégoût et l'humiliation que nous tous vivons actuellement entre les mains de nos mystérieux ravisseurs. J'ai cru au départ que nous sortir d'ici autre que pour nous torturer allait nous aider à tenir le coup. Mais il faut croire que ces gens sont bien pires que je pensais. Ils me confirment jour après jour que l'être humain peut être une véritable pourriture. J'ai envie de leur cracher à la figure, de les assassiner de mon seul regard dédaigneux. Mais j'ai perdu de ma splendeur disons. Notre groupe de captifs s'est sensiblement agrandi, et nous partageons tous la même cellule depuis le premier jour où mon unité a été enlevée, moi avec. La pièce est devenue bien insalubre. Sale, malodorante. Nous ne sommes plus que l'ombre de nous-mêmes. Lorsque Yeonwoo ne se prend pas de passion pour mes cheveux, j'ai tendance à rester dans mon coin de la salle, le dos tourné aux autres, à faire semblant de dormir. Le sommeil ne vient plus. Les rêves sont devenus un concept bien lointain. Les yeux fatigués rivés sur le mur gris, je tente encore d'oublier l'infâme goût de la cuvette qu'on me force à nettoyer de ma langue chaque jour. Je n'ai plus rien à vomir aujourd'hui. Mais ma rancoeur est tenace. La peur ronge mes tripes, mais je crois que ma haine a pris possession de tous mes maigres muscles. Et je les entends parler stratégie. Des idées aussi ridicules les unes que les autres traversent mes oreilles lasses. « On ne peut pas s'enfuir d'ici. On dit que l'espoir fait vivre, mais vous êtes tous stupides en fait. » fais-je alors que je me redresse enfin, m'appuyant faiblement contre mon flanc et tournant à peine le regard pour les observer. Bien loin de leur rassemblement, je les juge avec le peu de force qui me reste. « L'abri, les veilleurs ou la main rouge... vous croyez vraiment qu'ils peuvent lutter contre ces monstres ? » J'ai de nouveau un haut-le-coeur alors que je me penche vers le sol pour vomir du vent. Mon corps a toujours la réaction de régurgitation, mais je n'ai plus rien à recracher. Foutues toilettes. « On a trouvé plus fort que nous, contentez-vous de courber le dos et vous survivrez. »

Mes yeux se lèvent sur ce même décor froid et indéchiffrable. L'odeur de rouille et de sang, c'est à se retourner l'estomac. Mais mon odorant s'est insensibilisé à force. Je vois griffer quelques lignes, un autre trait en relient sept. Comme des petits soldats elles sont alignées, mais maladroites, de moins en moins marqué dans le mur. Si j'avais veillé à compter les jours depuis ma détention, j'avais fini par abandonner. A quoi bon ? Je me suis faite à l'idée que je ne sortirais jamais d'ici. J'étais résignée, mais je ne voulais pas pour autant mourir. Pas maintenant, pas encore. Je laissais mollement mon bras glissé de mon genou jusqu'au sol. Le derrière de ma tête rencontra le mur sur lequel je m'étais appuyée. Mon état était pitoyable, mais je tenais bon. Hargneuse dans les débuts, j'avais vite compris qu'il ne fallait pas plaisanté avec nos hôtes. Ma respiration était faible, je minimisais le moindre de mes efforts, préservant mes forces pour un autre moment ; celui où j'aurais besoin de lutter pour ma survie.

Des sons emplissaient constamment le taudis dans lequel je résidais depuis ce qui me semblait être une éternité. Intérieurs, car je n'étais pas seul. Certains me disaient quelque chose, mais je n'étais pas âme à m'attacher aux détails. J'avais depuis longtemps laissé tombé ma franche camaraderie. Ca ne m'amusait plus d'être optimiste. J'étais seulement triste de savoir Soo Hyun dans la même galère que moi. Si j'avais pu, je l'aurais fait sortir de là. Et puis il y avait ces bruits extérieurs. Ceux-là nous mettaient tous en alerte, car ils étaient souvent signe de leur présence. Ces homes masqués. Nos bourreaux. J'avais frissonné d'angoisse lorsqu'ils se sont saisis de Yeonwoo. La pauvre était revenue tuméfiée. Mais nous étions tous à plaindre. Pourtant, nous étions encore là. Personne n'avait cherché à se donner la mort. Etait-ce par courage ou par lâcheté que nous luttions encore ? Leur éternelle discussion sur l'espoir qu'on viendra nous chercher, qui donne ensuite à la recherche de l'identité de nos ravisseurs. J'émis un grognement de lassitude. A quoi ça nous servirait de toutes les manières ? La réflexion de Yorell me parut salutaire. Enfin quelqu'un qui raisonnait normalement. « Plus féroces et plus malins. Il a raison, ça ne sert à rien. Nous sommes morts pour tous, alors autant faire en sorte de survivre. En tout cas, pour le moment ... »