Ça sera facile qu'ils disaient...

Luna, Myung Ki,
Yeonwoo & Toutou

Nouveau départ ! Nouveau virage dans nos vies, récemment la plus improbable et inattendue des unités avait été formé. Alors que ma formation touchait à sa fin, son terme fut précipité par la perte de mon mentor. Un palmarès à la finalité pas si reluisant pour cette dernière et qui aurait pu me valoir plus de suspicion de la part de mes comparses, mais sans doute tout explorateur avait déjà pu constater la distance instaurée entre elle et moi depuis mon retour de captivité. Le gardien de la porte si irréprochable avait fini par quitter son poste pour s’aventurer sur le terrain. Cette annonce quelques semaines auparavant m’avait stupéfaite. Je m’étais demandé quelle mouche avait bien pu le piquer. À l’instar de Luna, troisième membre de notre unité réduite du jour, sans oublier le collègue à quatre patte de Myung Ki. Tous deux s’aventuraient pour la première fois dans les terres désolées, du moins en tant qu’explorateurs novices, car l’ancien gardien en avait déjà foulé le sol, notamment se joignant aux équipes de recherches pour nous retrouver, me retrouver. Et pour ma part, puisque désormais titulaire, je devais aussi faire mes preuves en tant que future formatrice potentielle, ou éventuellement meneuse occasionnelle si un jour, la situation l’exigeait. L’avantage était qu’indéniablement, je ne me dotais d’un tempérament quelque peu directif et assuré. « Vous êtes prêts ? » m’exclamais-je sur un ton interrogative, non sans une once d’enthousiasme de mener cette petite expédition tous les trois, plus le chien. Au pied de la grande porte, correctement équipé du package du parfait petit explorateur, nous prenions la direction du jardin botanique où pour l’une de mes recherches nous devions ramener certains spécimens végétaux. 




Une destination atteinte en une quarantaine de minutes, un peu plus du fait de l’inexpérience de Luna. S’entrainer à l’intérieur de l’Abri et se mouvoir à l’extérieur ne saurait jamais être comparé. L’air était différent, le sol était différent, le climat et l’atmosphère nerveuse surtout les premiers temps étaient différents. Avant que nous nous apprêtions à franchir le seuil de ce qui fut autrefois un jardin botanique, vers mes élèves je me retournais et m’adressais : « Bon, les bleus ! » Avec une certaine fermeté mais néanmoins de la discrétion aussi dans la voix, afin de ne pas provoquer d’écho n’annonçant que trop notre présence, je captais leur attention. Au coin de mes lèvres, un sourire se nichait. Mes yeux brillaient, de complicité à l’égard de Luna, de taquinerie en direction de Myung Ki dont j’étais l’ainée désormais en matière d’expérience. « Les règles sont les même que sur le trajet : vous restez derrière moi et observez bien tout autour de vous ! Vous souvenez de ce que nous cherchons ? » demandais-je par précaution, dont nous ne ferons jamais assez preuve. « Même si ce lieu est plutôt tranquille, soyez toujours vigilants et prudent. À l’instar d’une femme, il faut toujours se méfier des jolies plantes. » De mon index, je désignais mon visage en penchant légèrement la tête de côté, mes traits agrémentés d’un éclat souriant, aussi malicieux que faussement innocent.

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CODES LITTLE WOLF.

Ça sera facile qu'ils disaient...

Yeonwoo, Luna,
Kiki & Niran

Regard à la fois ferme et doux, expression sérieuse malgré le faible sourire qui ornait mes lèvres. C’était bien face à lui que je me trouvais. Si quelques fois, son regard il détournait son attention, jamais il ne semblait perdre. L’index pointé vers son museau, une douce menace qui lui permettait de se concentrer. « Je te fais confiance. » Son museau humide il collait à mon doigt avant que la main je ne vienne à tendre vers lui. « On travaillera bien ensemble aujourd’hui, d’accord ? » Paume en l’air, sa patte il levait pour la poser dedans, comme si depuis toujours nous nous connaissions l’un l’autre. Ces derniers mois, plus que d’apprendre la vie à l’extérieur qui m’avait été conté par bons nombres de mes connaissances explorateurs, c’était bien à créer un lien avec lui qui avait été le plus important.  Parce qu’il ne pouvait faire n’importe quoi une fois dehors, qu’il avait besoin d’un maître qui sache le gérer et le contrôler pour éviter tout dérapage. « Allons-y. » Douce éphorie de sa part, quelques aboiements réceptifs à ces mots qu’il comprenait et c’était vers la porte que nous nous dirigions, prêts à affronter l’extérieur pour la première fois.

40 minutes. Quarante minutes durant lesquelles, Niran avait fait preuve d’un calme exemplaire et d’une attention qui m’étonnerait presque en sachant comme il pouvait se montrer joueur. Sans doute que, lui aussi savait faire la part des choses ? Arrivé au jardin, il se permettait même de s’asseoir sagement à mes pieds, pour ne pas dire « sur » mes pieds même, trop classe pour espérer avoir les fesses couvertes de terre n’est-ce pas ? La main perdue dans sa courte fourrure, c’était attentif aux mots de notre « guide » et « supérieure » que j’étais, silencieux et sérieux comme à mon habitude. Du moins, jusqu’à cette dernière phrase de sa part, m’arrachant sourire et commentaire. « Parce que t’es dangereuse ? » Question formulée sur un ton légèrement ironique mais il fallait avouer qu’à mes yeux, Yeonwoo était loin d’être la femme la plus dangereuse de ces terres.

Me redressant en stoppant les caresses pour mon compagnon à quatre pattes, c’était vers Luna que mon attention se portait ensuite. « Si on doit marcher en file, tu resteras derrière Yeonwoo. En cas de soucis on pourra t’aider plus rapidement comme ça. » De nous trois, n’était-elle pas la plus inexpérimenté et, par conséquent, la plus vulnérable ? Si bien entendu Niran n’était compté dans le lot, bien que je ne doutais de sa capacité à montrer les crocs en cas de besoin, nombreuses étaient les fois où il m’avait démontré sa force ces derniers mois après tout. Rien de bien comparable à un humain.

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Ça sera facile qu'ils disaient...

Yeonwoo, Luna,
Myung Ki & Niran

Dehors. Face à cette grande porte me semblant tout d’un coup tellement prometteuse de protection et de réconfort, je sentais mes forces m’abandonner. Que faisais-je de l’autre côté ? Je ne cessais de me le répéter. J’avais envie de courir vers elle, de l’enlacer tel mon premier amant mais… Un seul regard vers Yeonwoo m’empêchait de m’y jeter à corps perdu. Je ne la laisserai plus partir seule. Alors… Je répondais à sa question d’un sourire penaud, la peau plus livide que jamais et me forçais à mettre un pied devant l’autre. Était-ce ce qu’il y avait dans mon sac qui était si lourd ? Ou juste mon corps qui pesait une tonne ? Les mains tremblantes cachées dans les poches, j’eus l’impression que nous empruntions la route des Enfers. Un climat hostile, un air paraissant irrespirable, une marche interminable… Yah, si Myung Ki avait un dos aussi inutilement large, et une force si grande, ne pouvait-il pas nous porter toutes deux ?! Bon à rien ! Même mes cheveux que je chérissais tant semblaient vouloir me rendre folle tant je continuais de les manger avec le vent. Qu’y avait-il de si bien à sortir sérieusement ?? Je n’arriverai jamais à comprendre mon amie sur ce point.

L’arrivée fut comme une délivrance, et si j’aurais été jusqu’à me ficher du sol terreux pour m’y affaler, il était pourtant hors de question que je perde face à cet autre grande courge devant Yeonwoo. Alors je me contentais de sortir ma gourde pour me désaltérer, le corps aussi faible et douloureux que si je sortais moi-même de quarantaine. N’y avait-il donc pas quelconque médicament pour me sortir de pareil embarras ? Ce qu’on cherchait ? « Ahah ! Evidemment… » Si j’avais dû le savoir, la fatigue m’empêchait de me souvenir quelle plante, aussi magnifique soit-elle, m’avait fait traverser tout ce merdier. Cependant, plutôt crever que de l’avouer ! « Je suis sure que si un homme s’en prenait à elle lorsqu’elle avait sa queue de billard, elle se faisait un plaisir de lui écraser entre les jambes. » On ne pouvait pas dire qu’elle faisait acte de violence, vu qu’une queue se plaçait en principe à cet endroit précis. Juste… D’innocence ? Si d’ordinaire je n’aurais jamais répondu pareil mot en sa présence, il fallait croire que mon cerveau aussi vide que ces terres et la présence de Yeonwoo y étaient grandement pour quelque chose. Tant pis. « Yah, pourquoi c’est moi qu’on devrait aider ? C’est ton chien qui te donne autant confiance ? » Chien que j’aurais aimé avoir à la réflexion. Mais plutôt crever que de l’avouer également. Alors je me contentais d’afficher cette mine boudeuse, refusant de perdre face à lui que j’enviais, avant de me placer derrière Yeonwoo. Cette place me revenait de droit après tout. « C’est quoi le plan B ? » Au cas où quelque chose arriverait. Et qu’on ne me dise pas de courir ou j’allais les tuer ! Enfin, que pouvait-il réellement arriver ? Il n’y avait pas de goules, et les plantes ne sont pas réellement vivantes, n’est ce pas ? « D’ailleurs, pourquoi on chuchote depuis tout à l’heure ? » continuais-je alors plus haut. Parfois, mieux valait ne pas tout savoir et se contenter de ce qu’on nous demandait. Mais… Ça, c’était trop demander.

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