Je lui murmurais, je l’accompagnais dans ces derniers instants. Par mes mots, je lui signifiais de lâcher prise. Nous ne pourrons le sauver. C’était la fin de son voyage. Persister, s’obstiner ne ferait que retarder l’inévitable. Qu’accroitre la souffrance de son agonie. Soudain, j’entendis la voix de Yorell claquer. Je me retournais. Mes yeux s’écarquillèrent à la vue de l’arme qui pointait sur notre compagnon d’infortune. Quelques instants, je demeurais pétrifiée. Horrifiée. A la fois à l’idée d’abattre Hyunki, même si au fond, c’était l’ultime service que nous pouvions lui accorder. Mais aussi par le fait que Yorell soit obligé de le faire. Plutôt que de me reculer, j’eus un premier instinct de vouloir m’interposer. Empêcher cela. Me redresser ? Mon pied me rappela sitôt comme il me l’était impossible. Puis, un sanglot déchirant, celui de l’enfant effaré dont les nerfs venaient de craquer qui accourait dans ma direction. Je me résignais alors, me retournant vers lui, me jetant sur lui pour le prendre dans mes bras, le blottir contre moi et protéger ses oreilles de la détonation qui retentit. Le coup de feu était parti. Je fermais les yeux, m’agrippant encore plus fermement au petit garçon, une poignée d’instant. Puis, j’osais les rouvrir à nouveau. Le coeur serré, je déglutis en me rapprochant à nouveau à quatre pattes jusqu’au cadavre, afin de m’assurer qu’il en soit désormais bien un. Qu’il n’ait plus de pouls… L’enfant ne me lâchait plus. De mon t-shirt laissé sur la plaie à son oeil, je recouvris le visage entier du défunt. Je me redressai ensuite, prenant sa petite main dans la mienne, puis me trainais comme je le pus jusqu’à Yorell. Arrivée à sa hauteur, mes doigts de délaient de ceux de l’enfant, venant aussitôt se raccrocher au tissu de mon short, et le cavalier, je vins enlacer. C’était tout ce que je vous pouvais faire. Le remercier, le consoler, le rassurer par ce misérable geste de tendresse. Au bout de quelques instants, je murmurais : « Partons… Partons d’ici… » J’entrepris de rependre la main de l’enfant et de l’autre, le bras du cavalier, mais dès les premières tentatives de pas, un nouveau problème s’imposa dans mon esprit. Je peinais trop et tellement à avancer. « Partez devant… » dis-je de ma voix faible, amenant la main du garçon dans celle du cavalier que j’incitais à refermer autour. « Je suis un poids mort, je ferais que vous ralentir… je me débrouillerais. » J’y parviendrais, sinon, je ne serais Park Ra On. Mais d’un commun accord tous deux semblèrent s’y opposer. Le petit garçon libérant ses doigts pour agrippées cette fois ses deux mains jointes autour de la mienne, et Yorell qui finit par prendre mon bras opposé afin de le passer autour de ses épaules et se positionner en soutien pour m’aider à avancer. « Merci… » Un mot sincère qui franchit mes lèvres pour ne pas avoir été abandonné. Nous commencions alors à nous éloigner de ce brasier infernal. Pas après pas, mètre après mètre, nous installions lentement la distance lorsque soudain, mes yeux se posèrent sur des végétaux interpellant mon attention : « Attends ! Ces plantes ! » La mort du Main Rouge omniprésente dans mes pensées aidait à rafraichir ma mémoire quant aux enseignements de ce clan. « On peut s’en servir pour envoyer un signal de détresse ! » Nous n’eûmes qu’à en ramasser un lot et y mettre le feu – les sources de flammes ne manquant dans les parages pour que s’en dégage et s’élève une fumée rougeâtre. Dans l’espoir que si quelqu’un nous cherche, cet appel à l’aide puisse le guider jusqu’à nous…

Le soleil teintait le ciel de ses rayons orangés à mesure qu’il descendait dans une course lente pour laisser place à sa jumelle nocturne. Doux spectacle que vous pouviez observez face à vous sans peine puisqu’aucune végétation ne vous entourait. L’étendue du désert que vous découvrez pourrait presque vous décourager de le traverser alors qu’un énième espoir d’être retrouvé brûlait à vos côtés. Plus loin, la lumière vous permettait de voir quelque chose briller. Assez gros pour que vous le remarquiez, sa couleur bleu cyan tranchait violemment avec votre environnement. Concentrez-vos un peu et vous pouviez deviner qu’il s’agissait d’une voiture. Certes petite, mais si vous vous tasser suffisamment, vous parviendrez sans doute à tous rentrer dedans. Un petit logo sur le tableau bord, ressemblant à celui d’un jerrican d’essence, vous indiquait qu’il restait un peu de carburant dedans. Tout juste assez pour faire quelques kilomètres, ni plus ni moins. Etait-ce un cadeau du paradis pour vous aider dans votre fuite ou un présent de l’enfer pour vous qui n’avez jamais mis la main sur ce genre d’engin ?

Je n'ai jamais trouvé une arme à feu aussi lourde qu'en ce jour. Ca me fait particulièrement mal au coeur de me résoudre à tirer sur cet homme qui a partagé la même douleur que nous tous, rescapés d'un calvaire inimaginable. Un homme que je n'ai jamais aimé à cause de sa dévotion particulière pour son clan, mais clairement il ne mérite pas ce sort. Ca me fait d'autant plus mal que je suis le seul capable de commettre un tel acte. Yoon Hee est affaiblie par la perte de son rein, Soo Hyun est aveuglé par la poussière et la fatigue, et Yeonwoo est bien trop préoccupée par l'enfant qu'elle a sauvé. Son petit corps s'éloigne, mettant en sécurité l'enfant, me laissant le champ libre pour tirer. Je tremble. Je me tiens debout, droit devant Hyun Ki. Et mes dents se serrent, le coup part. Le bruit de la détonation résonne dans la cour. Plus aucun souffle ne s'échappe de la carcasse. Je lâche immédiatement l'arme, comme si elle me brûlait subitement la main, mes yeux se voilant de larmes. Est-ce que ça fait de moi un monstre ? Je remonte mes mains au niveau de mon visage pour me laisser aller des sanglots solitaires, tandis que Yeonwoo me tire dans ses bras dans une étreinte solidaire. C'était nécessaire. Douloureux mais nécessaire. Après quelques minutes pour nous remettre de nos émotions, nous quittons tous la cour. J'aide volontiers Yeonwoo, ne lui laissant pas le choix. Nous avons laissé derrière nous beaucoup trop de personnes, hors de question de la laisser aussi. Je prends son bras, le passe autour de mes épaules, puis nous nous mettons en route. Le soleil se couche petit à petit, nous épargnant les grandes chaleurs du désert. Mais ce putain de désert semble sans fin. Nos pas sont hésitants, épuisés. Jusqu'à la vue de cette petite voiture inespérée. Je ne sais pas conduire, j'ai surtout lu des livres et regardé des soldats de l'abri en jeep, mais je crois bien être le seul apte physiquement à le faire. Alors je ne réfléchis pas, je les somme de monter dans cette petite voiture. « C'est notre ticket pour chez nous, alors accrochez-vous. » Je me place ensuite côté conducteur, essayant de me rappeler des divers composants du tableau de bord. Je tourne la clé pour mettre le contact, le moteur gronde par tout ce sable accumulé ces dernières années. Arriverons-nous à bon port ? Je crois que l'avenir repose sur mes épaules désormais.

Serrés, nous embarquions dans la voiture. De toute évidence, je ne savais conduire et mes brûlures ne me l’aurait permis. A nouveau, nous nous remettions à Yorell, le mieux portant d’entre nous. Du moins physiquement car son esprit serait marqué à jamais par ce qui venait de se produire. Assise à l’arrière, je l’observais de dos et vint poser une main sur son épaule comme pour chasser le démon de solitude qui allait désormais se repaître de son âme. Je jetais ensuite un regard en arrière, par-dessus mon épaule. Nous nous éloignions enfin de ce enfer où nous avions chuté sans savoir comment, sans comprendre pourquoi. Mon esprit commençait seulement à considérer le fait que nous soyons libérés. Je peinais à en prendre conscience. Serait-ce vraiment enfin fini ? Cette pensée avait à peine effleurer mes pensées au milieu de ce chaos. Mes doigts dans les cheveux de l’enfant, serré contre mon flanc, plus que ma peau dénudée, je remarquais tout le sang de Hyunki que j’emportais. Qui entachait le petit garçon. Pauvre petit, mes yeux se posèrent sur ses bras brûlés. Si mon pied continuait à me lancer, je ne prêtais nulle attention aux douleurs de mes mains maculées de sang.  « Est-ce que cela fait très mal ? » rompis-je le silence pour m’adresser à l’enfant. Délicatement, je pris son petit bras déposant un doux et fin filet d’air sur sa plaie, avant de reporter mes yeux sur son visage.  « Tu peux parler ? Comment t’appelles-tu ? » Malgré ma gorge irritée, je tachais d’émettre le timbre le plus doux et rassurant qu’il me soit possible. « Comment as-tu pu te retrouver dans une situation pareille ? » Du bout de mes doigts, je caressais sa joue, dégageant tendrement les quelques mèches de cheveux tombant sur son visage. « Tu étais des leurs, n’est-ce pas ? Je t’ai vu à table, tu te souviens de moi ? Comment ont-ils pu t’enfermer toi aussi ? » Je ne l’accusais pas, certainement pas, le son de ma voix et la lueur dans mes yeux pour témoins. Je ne comprenais simplement pas ce qui s’était passé. Lui non plus probablement, alors, je l’amenais à moi. Je l’étreignais tout contre moi encore une fois, pour le rassurer, le consoler, le protéger. J’imaginais sa peine et sa détresse. Chagrin incommensurable de la perte de sa mère. De la perte de son clan.  « Tu as été fort, tu as été très fort…  » Je me retins de lui assurer que tout était fini. Que nous étions bel et bien sains et saufs car si je l’espérais, rien n’était encore certain… "Jusqu'où penses-tu que nous pourrons aller ?" questionnais-je notre chauffeur improvisé. Nous roulions en direction de ce que nous aimions appeler maison mais y parviendrons-nous sans embûche ? Quels nouveaux déboires et imprévus nous attendaient en chemin ?

Je parviens rapidement à mettre la voiture en route, forçant sur le moteur pour déloger le véhicule du sable. Maladroit, calant les premières fois, je parviens enfin à comprendre comment conduire se fait. Vitesse après vitesse, nous quittons ainsi notre prison sous les flammes. Je regarde à travers le rétroviseur: le feu gronde toujours, et la fumée s'épaissit. Je déglutis. Je regarde maintenant droit devant moi, les doigts accrochés sur le volant usé et déchiré. Je respire fort. J'entends toujours le coup de feu dans mes oreilles, et je vois toujours la balle atteindre la boîte crânienne de Hyun Ki et le sang se répandre tout autour de lui. Je suis devenu un monstre, j'ai perdu toute once d'humanité. Même la main abîmée de Yeonwoo ne peut rien pour rien. Je suis désormais une cause perdue. Mais je continue de conduire, n'écoutant même pas la conversation entre le gamin et l'exploratrice. Je regarde du coin de l'oeil Yoon Hee endormie rapidement derrière, et Soo Hyun qui garde son regard vissé devant lui côté passager. Frisson. J'observe le soleil quitter progressivement la terre ferme pour s'endormir, et laisser placer au ciel tapissé d'étoiles. Je pousse un soupir lorsque la voix de Yeonwoo s'élève de nouveau dans l'habitacle, à mon intention. « Je n'en sais rien. Peut-être que nous traverserons le désert... » Peut-être. Peut-être pas. Je pince mes lèvres dans un énième élan de doute. La liberté n'aura jamais eu un goût aussi amer en bouche. Tant de sacrifices, tant de morts... Pour que nous soyons libres. Même l'Enfer ne voudra pas de nous.

L’enfant n’avait pas décollé de tes côtés, toi qui l’avait sauvé des flammes et qui avait été là pour le rassurer malgré ton état. Ses grands yeux noisette se levaient vers ton visage lorsque tu soufflais sur sa plaie pour le soulager de la douleur. Pas très efficace, il ressentait néanmoins la douleur s’atténuer vaguement avant que tu n’arrêtes pour lui poser pleins de questions tout en le manipulant. Il savait rester sage, tous les événements l’avaient épuisé après tout. « Gu Hana.. » soufflait-il d’une petite voix avant de toussoter, ses petits poumons s’étant encrasser avec la fumée qu’il avait dû affronter. « La madame qui veillait sur moi était très malade… Et le docteur a dit que j’avais de la fièvre... » Ajoutait-il alors faiblement la tête baissée. Le garçon joignait ses mains tremblantes ensemble pour jouer avec avant de sentir ton étreinte contre lui.

Petit à petit, une odeur que vous ne connaissiez que trop bien remplissait l’habitacle. Rapidement des pleurs vous parvenaient du petit garçon. Honte ? Culpabilité de s’être libéré sans prévenir ? Un tout autre sentiment l’habitait : la peur. « Je veux pas mourir.. » soufflait-il en se mettant à pleurer d’avantage sans vous donner plus d’informations.

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Hors-rp: Le rp se clôture ici. Un nouveau sera ouvert avec les enquêteurs dans peu de temps.
ça vous laisse le temps de réfléchir à ce que le petit vous à dit