Heisuke terminait de se préparer quand l’un des membres de son équipe vint le rejoindre pour lui annoncer qu’il ne pouvait plus participer à l’exploration. Le leader le congédia d’un bref mouvement de la tête, compréhensif sur les raisons que le plus jeune lui donnait. Il le connaissait, comprenait son histoire et la respectait alors ce n’était pas grave, il se passerait de ses services pour ce jour-là. Heisuke boucla la ceinture de son sac, enfila ce dernier sur son épaule et quitta ses appartements pour rejoindre l’entrée des grottes dans lesquelles les Veilleurs avaient trouvé un véritable refuge depuis plusieurs années. Son équipe l’attendait, composée de cinq personnes, sans le compter. Il les salua, les remercia d’être là puis énonça les raisons de cette exploration : rejoindre Séoul afin de porter secours à ceux qui avaient pu se perdre là-bas. Néanmoins, pour cela, il faudrait passer par les plaines arides et c’était pour cette raison que les explorations dans cette zone étaient prévues à l’avance et étaient assez risquées. Cette fois-ci, Heisuke faisait partie du lot, n’ayant pas envie de laisser ses coéquipiers perdre pieds.
Quelques minutes plus tard, les hommes quittaient les grottes pour s’aventurer dans la jungle sauvage et broussailleuse qui fleurissait tout autour d’eux. Ils mirent plusieurs dizaines de minutes avant de rejoindre les plaines, se soutenant, écoutant bien sûr les recommandations de leur leader par rapport à la prudence. La main portée sur son arme, Heisuke demeurait toujours à l’affut de la moindre bête à abattre, bien que cela ne lui plaise pas plus que cela d’agir de la sorte. Le paysage défilait au fur et à mesure de leur avancé, l’air se faisant de plus en plus sec et le sol se changeant en une sorte de sable puis en des crevasses sèches et dangereuses. La progression était assez périlleuse, le groupe restait soudé et faisait attention où il mettait les pieds, aucun ne possédant l’envie de tomber dans un gouffre.
Cette route était la plus compliquée pour rejoindre la capitale, mais la plus directe et apparemment ils n’étaient pas les seuls à l’emprunter. Au-dessus de leurs têtes, quelques harpies commençaient à les avoir repérés et on les entendait hurler à plusieurs mètres. Heisuke fit stopper son unité, faisant signe de s’accroupir le temps de laisser passer l’agitation. La sueur coulait sur son front, la chaleur brûlait ses yeux, mais il ne devait pas bouger. Sauf qu’un malheureux coup de feu tonna, résonna de longues secondes avant que les oiseaux ne fondent sur eux, vociférant à leur briser les tympans.

« FEU ! » hurla Heisuke pour couvrir ces cris.

Dong Ho essuya la sueur qui se formait sur son front, passant ses doigts sous le tissu qui couvrait son visage. Ce n'était pas pour se cacher qu'il le couvrait, mais simplement pour se protéger des rayons de soleil bien trop ardents qui frappait son corps, ainsi que celui de ses équipiers. Le chef soupira alors que l'un de ses membres commençait à perdre pied, sans doute pas assez endurant, ou pas assez fort mentalement, mais il ne faisait que se plaindre, chose trop agaçante. Il râlait sur un autre membre, celui qui avait eu l'idée de cette expédition il y a de ça quelques jours : il avait vu un campement dans le désert – lui, il était habitué à ce milieu hostile vu qu'il venait de Séoul et ce, par cette voix – et qui plus est, un campement fourni en férailles. Sans doute des marchandeurs ambulants qui voguaient de Séoul à Suwon. Bien que Dongho n'était pas certain de les y trouver encore, le gars avait assuré qu'ils avaient l'habitude de camper plusieurs jours au milieu du désert. Pas très futés, pensait le leader. Mais qui ne tentait rien n'avait rien et il ne repartait jamais bredouille d'une exploration, que ce soit matériellement ou en terme de rencontre.

Et ce fut bien vrai, le campement était bel et bien là, mais personne pour le protéger, et plus grand chose en matériel. Sans doute que ce campement servait de base, et que les marchandeurs avaient emporté leurs marchandises vers un autre point pour les vendre. Mais il restait assez de ferrailles et de câble pour sans doute faire plaisir à ses mécano créatifs alors le Leader somma ses membres de prendre ce qu'il restait, il faisait trop chaud pour s'aventurer plus loin. Et il donna de nouvelles directives à celui qui avait découvert ce campement : se lier à ces personnes et les étudiers, en somme, devenir un espion. Il reparterait le lendemain, il avait droit à un bon repos.

Au retour, l'autre se mit à râler à nouveau, appuyant sur les nerfs fatigués de ses collègues. Mais c'en était pas fini, des harpies volaient dans le ciel dans leur direction et cet homme se mit à hurler et à paniquer. « Ferme-la ! » s'énerva Dong Ho. Il fallait rester calme, les harpies allaient se jeter sur eux sinon. Mais c'était trop tard, paniqué l'autre se mit à tirer en direction d'une harpie qui s'aventurait par là. Bien évidemment, ses comparses se mirent à plonger vers leur troupe mais pas que. Dongho aperçut un autre groupe mais il n'eut le temps d'y faire plus attention puisqu'il devait se protéger et essayer de sortir ces idiots de là. Le bruit était atroce, néanmoins, le boss tentait de ne pas se faire déconcentrer. Il ne sut combien de temps ce combat étrange dura mais il eut bien une fin, notamment avec une jolie erraflure le long de son bras droit et un membre dans un piteux état, celui-même qui râlait au début. Il se rendit vite compte que les deux troupes s'étaient mélangées sous le micmac et Dongho fronça les sourcils en reconnaissant le visage de Heisuke... La rage au ventre, le leader leva la main pour calmer ses équipiers. « En rang. » L'homme au sol était sur le point de mourir et geignait à tout va mais à part un apprenti soigneur, son équipe n'avait aucune personne avec assez de compétences pour le soigner, puis il ne le méritait pas tant que ça à ses yeux. Alors l'apprenti tenta de faire quelque chose tant bien que mal, mais il était impuissant. Les armes des autres – ainsi que celle de Dongho – étaient pointées sur cette troupe de Veilleurs. Dongho fixait l'autre leader, avait-il seulement envie de lui parler ? Pas du tout. Mais il fit comprendre à ses membres en un seul regard qu'entourer l'équipe ennemie était une bonne idée. Leur voler leurs armes seraient une bonne idée. « Ça fait un bail, hein ? Et si vous nous filiez vos joujoux ? »