Tout est si flou et si clair à la fois. La cigarette se consume, sa chaleur s’étend sur mes doigts et mon poignet. Je reste immobile. Immobile face à mon subconscient qui me torture l'esprit. Je ne sais plus quoi faire. Est ce que je suis censée rester ici ? Ou bien suis je censée partir ? Je n'en ai plus la moindre idée. L'indépendante en moi est perdue. Moi qui sais ce que je veux, aujourd'hui je suis complètement déstabilisée. Pourtant je suis habituée, vivre dans un monde instable ça a forgé mon caractère. J'ai grandis seule, sans soutien et support. Sans famille. La seule famille que j'ai c'est la Main Rouge. Mais je commence à ne plus me reconnaître dans cette famille. Je ne sais plus quoi faire ou quoi penser. Alors, je me contente de faire mon job. La chose que je fais le mieux au monde. Soigner les gens, sauver des vies, ôter les douleurs, éloigner les maux et apaiser les cœurs. La seule activité qui me rappelle ma nature humaine. Mes lèvres aspirent la dernière taffe de tabac. J'écrase la cigarette machinalement dans le cendrier. Mon regard descends sur le paquet. Je devrais arrêter définitivement, arrêter de fumer quand j'ai une baisse de moral ou des doutes. Mais ça passera, ça passe toujours. Si je pouvais mettre le doigt sur ce qui me tracasse ça m'éviterai toutes ces réflexions. Ce n'est pas les paroles des gens, non. Ils peuvent dire tout ce qu'ils pensent sur moi ça ne m'atteindra jamais et ça ne m'a jamais atteins. La plupart son jaloux de mon mode de vie, je profite de chaque instant. À quoi bon vivre une vie monotone quand on sait qu'on vit dans un monde qui peu disparaître à tout instant ? Leurs paroles venimeuses me font plus rire qu'autre chose, qu'ils crachent leurs venins sur moi. "Harum, quelqu'un s'est gravement blessé, on a besoin de toi !" La voix tremblante d'un rescapés me fait sortir de mes réflexions. Je le regarde et lui fait un signe de tête en guise de réponse. Le devoir m'appelle, de nouveau.


"Harum ! Arrête tu ne peux pas faire ça ! C'est trop dangereux dehors, tu veux mourir ??" Sourcils froncés, mes oreilles n'écoutent pas ses paroles. Je m'en fiche. Je veux y aller, je veux aller dehors avec les autres. Moi aussi je veux pouvoir tuer les monstres. Il n'y a que les grands qui ont le droit de faire ça, c'est injuste. Je suis plus forte qu'ils ne le pensent, tout ça parce que je suis petite. Je la regarde, elle est pas contente. Elle ne veut pas que j'y aille, pourtant je suis pas sa fille elle a pas à se soucier de moi. Énervée je lance le couteau que je tenais, je m'assois par terre et me recroqueville sur moi. Un soupir, puis le silence. Je sens qu'elle aussi est énervée. Je m'en fiche, je veux quand même aller dehors. "Arrête de bouder, tu es trop petite pour sortir, viens m'aider tu sera plus utile." J'ignore ses mots et reste à ma place. Mes yeux sont fixés sur la sortie. Je regarde les adultes se préparer à partir. J'ai pas envie d'être utile, je veux m'amuser dehors. C'est si compliqué à comprendre ? Les portes s'ouvrent et je les vois partir tous ensemble. Ils ont l'air heureux, moi aussi je veux être heureuse. Alors, décidée je me relève et attrape mon couteau. Je me faufile vers la sortie en courant du mieux que je peux. Je les suis des yeux, je les regarde sortir et fermer doucement les portes. J'accélère pour réussir à atteindre la sortie. Je réussis à me faufiler et à sortir dehors. J'ignore leurs cris et continue de courir dehors. Il fait bon, il fait beau. C'est pas si terrible que ça finalement. Pourquoi ils veulent nous priver d'une telle liberté ? Ils sont bêtes. Mes pas de courses ralentissent. Je m'arrête et observe l'horizon. J'aimerai pouvoir vivre tout le temps dehors et ne jamais devoir rentrer de nouveau à l'intérieur. Mais mon bonheur ne dure pas longtemps, surprise par le groupe d'adulte, on m'attrape par le bras et me tire vers eux. Des cris et des voix en colères. Je ne peux pas lutter, mais je les ignore quand même. Et mon regard reste fixé sur la nature, sur l’extérieur. J'essaie de mémoriser chaque détails pendant que l'on me traîne et que l'on me ramène à l'intérieur. Les portes se referment devant mes yeux, la beauté a disparu. J'aurai pu au moins y goûter un petit peu.