Il ferme les yeux et revoit les flammes. Ardentes et brûlantes. Il se revoit, à peine adolescent. Les rêves qui fondent en même temps que la maison, l’avenir détruit déjà par cette foutue attaque. Il se souvient, parfaitement. Chaque image est claire au contour net, gravée d’une cire chaude dans sa mémoire. Et s’il pensait fou, il aurait juré que tout se passait encore, qu’il sent encore la chaleur l’entourer et l’étouffer, la vive brulure sur son dos quand un planche en feu s’abat sur son dos alors qu’il tente de protéger sa sœur. Leur mère vient se sacrifier en les jetant par la fenêtre, instinct, naturel, primal, Yeon Su a tout de suite fait en sorte d’amortir le choc de Yeon Ah et protéger son corps frêle d’enfant. Depuis, c’est tout ce qu’il a fait. Il a dédié sa vie à protéger Yeon Ah. Il n’a plus jamais pensé à lui-même ou à ses besoins. Il a fermé les yeux, aussi, sur l’enfant encore apeuré au fond de lui. Il n’a jamais pleuré la mort de sa mère, ni celle de son père peu après, transformé en goule à cause d’une morsure. L’homme a ensuite été abattu devant les yeux de ses enfants. Une balle entre les yeux, zéro possibilité de survie. Yeon Su n’a rien ressenti en le voyant tomber à terre. Il était devenu dangereux. Il aurait pu blesser sa petite-sœur, c’est tout ce qui compte. Le reste est devenu bancal pour l’adolescent. La jeune brune est devenue la source de toute sa force mais aussi sa première faiblesse.

Il doit toujours la garder en vue.  Difficile quand on sait que la jeune femme ne peut pas rester en place. C’est un amour spécial qui réside entre eux. Yeon Su a rapidement faire en sorte d’être vital à sa sœur, lui offrant tout ce dont elle aurait besoin. Figure maternelle, paternelle, en plus du rôle de frère. Il s’occupe d’elle et la protège, mais il arrive difficilement à être autre chose que doux en sa compagnie. Même quand elle l’énerve et Dieu seul sait le caractère de chien de la jeune Oh. Il caresse sa longue chevelure brune et s’amuse des grognements de sa sœur qui affirme ne plus être une enfant. Yeon Su a pris ce rôle trop tôt, trop à cœur. Il ne sait pas s’amuser. Il ne sait pas ne pas s’inquiéter.

Son arrivée plus tard à la Main Rouge fut simplement conduite par sa sœur. Yeon Su ne s’intéresse pas à tout ça, mais en voyant que la jeune femme était décidé a rejoindre le clan, il ne pouvait que la suivre. C’était insupportable pour lui l’idée de la voir éloigné de lui, sentiment de toute façon réciproque. Il n’est toujours pas certain du stratagème de sa sœur pour les y faire entrer. Mais peu importe. Tout ça est arrivé il y’a onze ans déjà. Depuis, ils sont tous les deux membres du clan.

Yeon Su a malgré tout rapidement trouvé sa place, entre les armes. Objet de fascination pour le jeune homme depuis la mort de son paternel. Elles lui rappellent toujours à quel point la vie des hommes est fragile, qu’un rien peut l’enlever. Il a commencé en confectionnant de petits armes, il a appris petit à petit à réparer de vielles armes abimés, d’essayer de les rendre les plus fonctionnelles possibles. Et enfin, il devint capable de créer ses propres armes. C’est un travail pour lequel il se dédie entièrement. Les armes sont importantes pour eux, pour les protéger contre les nombreux ennemis. Et plus elles sont performantes, moins il y’a aura de risques de perdre les personnes de leurs clans. Quand il pense à ça, Yeon Su pense surtout à sa sœur. Cette dernière est devenue infirmière et si c’est une fonction que le Oh ainé apprécie particulièrement, il est beaucoup moins certain de l’autre fonction que la jeune femme exerce, celle de masseuse de leur dealer. Là encore, il ne peut rien dire. Il observe simplement.