Cette défaite était un coup du sort. Tout se serait passé selon ses plans si seulement Pyo Sung Il avait été plus attentif. Son erreur fut de négliger les conditions de vie des esclaves qui les avait accompagné dans cette mission ainsi que l’insalubrité des cellules, à commencer par celle de ses prisonniers. Beaucoup avaient été affaiblis par la récente épidémie de choléra et la pénurie d'antibiotique développé par l'ancien monde avait été la raison qui avait poussé le successeur de l'Ordre des Insurgés à explorer les Terres Désolés.
De retour sur les terres de sa famille, ce fut la tête baissée qu'il se présentait à son père. Il lui fit un rapport détaillé de la situation, de ce qu'ils avaient découverts, de ce qu'ils avaient fait et de comment ils durent rentrer. Le clan était de nouveau endeuillé, des familles pleuraient à présent la mort de pères, de frères et de maris tandis que Sung Il se retrouvait avec une punition qu'il n'avait plus reçu depuis longtemps: des coups. Son père hors de lui se mit à battre son fils, cet incapable de fils qui n'avait pas été capable de faire ses preuves. Il était à présent certain d'une chose: Sung Il n'était pas encore prêt à diriger le clan. Battu par la maladie et non par les habitants qui occupaient les terres de l'est était pour le dirigeant pire que de se retrouver face à une armée de mille hommes. Cependant, ce retour lui semblait utile puisqu'il eut connaissance de la bouche d'une des seuls personne de confiance de son entourage qu'il y avait aussi de la vie sur les terres et l'absence de pluie acide réveilla chez le vieil homme un sentiment d'espoir. En effet, leur ennemi n'était plus les goules ou les autres créatures irradiées mais la météo. Bien qu'à l'abri des immenses structures métalliques ils étaient à l'abri des pluies acides, elles faisaient encore des ravages sur la côte. Savoir qu'il pouvait exister un endroit où l'Ordre pouvait s'installer en toute sécurité et dans les terres, même s'il pouvait s'agir d'une future base secondaire donnait au chef de la famille Pyo une raison pour ne pas tuer cet incapable qui lui serait d'héritier. Il appuya alors sa proposition de conquérir l'Abri atomique de Suwon.
Ce fut en boitant, le visage tâché de sang que Pyo Sung Il se dirigea vers les quartiers de sa première dame. Après ces épreuves, il avait besoin de réconfort. C'est qu'il n'avait pas l'air fier notre leader! La queue entre les jambes, il passa la porte des quartiers de sa première dame, à la recherche de cette dernière. Par habitude, ce fut dans la chambre de la belle qu'il se dirigea. Elle était là. Un large sourire étirait ses lèvres. "Toc toc toc ~ !" Déclara-t-il en chantonnant, s'approchant à pas de loup. Sung Il n'avait pas l'air fier et pourtant à la vue de cette femme, il semblait de nouveau d'humeur joueuse. "Ton mari veut un câlin!" Chantonnait-il, sautillant à présent vers le lit de sa femme pour s'étaler à l'intérieur. Il poussa un long soupire, gigotant ses jambes qui lui étaient douloureuses à cause des coups qu'il avait reçu de la part de son géniteur. Tapotant sur le matelas, il indiquer à Madoka de venir s'installer à ses côtés.

Pas de nouvelle, bonne nouvelle, disait-on. Du moins, c'est ce que Madoka tentait de penser, de se persuader. Tout au long de ces jours où aucune visite de son mari ne se fit, ni aucun propos sur son fils ne fut recueilli. Ils lui manquaient, et son enfant encore plus. La brune le jugeait encore trop jeune pour accompagner son père mais elle n'avait pas eu son mot à dire. Elle n'avait plus qu'à prier les étoiles pour que tout se passe bien. En attendant, elle donnait plus d'attention à Shin et Rin, la petite sortant d'ailleurs d'une bronchite inquiétante. Fort heureusement, désormais elle était soignée et allait beaucoup mieux. Madoka souriait en repensant à ses petites joues toutes rebondies. La future reine en était certaine, si son père prenait plus de temps pour la voir, il craquerait aussi pour cette beauté des cieux.

Trop soucieuse ces derniers temps, voyant bien qu'elle en faisait trop baver à ses esclaves, elle décida ce soir qu'une bonne séance de yoga ne lui ferait pas de mal. Visage nu de tout maquillage, chignon mal fait, débardeur et jogging de sport, voilà une Madoka métamorphosée en une femme presque banale, loin du look toujours travaillé qu'elle affichait devant autrui. C'est alors qu'elle s'étirait que la porte s'ouvrit d'un coup. Surprise, la brune se redressa bien qu'elle se doutait qu'une seule personne au monde était autorisée à faire cela – quoique le père de Sung Il pouvait se le permettre aussi, mais il n'avait aucune raison de le faire et Madoka aucune raison de penser à cela. Elle allait sourire, tel un animal content de revoir son maître qui l'avait délaissé trop longuement, mais lorsqu'elle vit le visage de Sung Il, son sourire se tarit directement. « Oppa ! Pourquoi tu es blessé ? » Au lieu de suivre ses ordres implicites, elle se rua vers son bureau où se trouvait toujours une petite trousse de secours – déformation professionnelle – afin de la saisir. Elle plongea presque sur le lit pour se positionner au dessus de son mari. Néanmoins, au lieu de le soigner tout de suite, elle s'allongea contre lui pour profiter d'une étreinte volée. « Oppa, qu'est-ce qu'il se passe ? »  Soucieuse, Madoka se redressa afin de pouvoir le surplomber, il n'avait pas été loupé. Elle caressa un instant sa crinière de geai avant d'ouvrir sa trousse pour chercher des compresses et du désinfectant. Elle mit peu de temps alors pour s'exécuter à la tâche de panser les blessures de son époux, tout cela avec soin et délicatesse. Après tout, elle était sa femme et se devait d'être aux petits soins pour lui.  

D'abord surprit par l'étreinte volée, Sung Il ne put la rendre à sa femme. Le temps de lever les bras, la question fatidique passa sa lèvre. Le futur dirigeant du clan détourna le regard, peut fier de son échec. "Nous avons échoué..." Soupira-t-il en détournant le regard. Comment pouvait-il montrer à son père qu'il était capable de prendre sa place s'il se retrouvait surprit par l'épidémie qui avait fait rage il y avait quelques mois de cela au sein même du clan? Le Capitaine se souciait peu des condition de vie de ses esclaves et il savait que s'il ne changeait pas rapidement, le virus referai surface. Malgré cette tragique histoire, il ne voulait en rien changer ces habitudes. Les esclaves étaient de la vermine à ses yeux dont leur privilège se résumait à les servir. Il se pinça les lèvres. "Le choléra est revenu. Les dégâts ont été moindre fort heureusement, mais cela a nuit à notre mission..." Difficile d'être enjoué lorsque un sujet aussi sérieux était abordé. "A croire que cette vermine d'esclave n'est bonne qu'à nous transmettre des virus." Sa réflexion avait beau être formulée à voix haute, elle ne s'adressait nullement à sa femme. Après le savon mémorable que son père venait de lui passer, son estime de lui avait largement baissé. Sung Il avait besoin de réconfort, de savoir que cette échec n'était pas significatif d'un échec total. Après tout, il n'avait pas totalement perdu la guerre et la bataille n'avait été remporté par l'ennemi uniquement grâce à un virus dont ils ignoraient l’existence. Ce n'était qu'un coup de chance, un triste coup du sort pour l'Ordre des Insurgés. Il leva les bras pour les passer autour de la fine taille de sa charmante femme pour la sentir contre lui. Le Capitaine n'avait pas envie de jouer. Doucement, il défaisait son étreinte pour s'asseoir sur le lit, sa favorite toujours au dessus de lui. Ses mains glissaient de la taille aux hanches de sa chère et tendre. "Hana a été infesté." Déclara-t-il doucement. Sung Il savait à quel point cet enfant était important aux yeux de Madoka. Il représentait l'espoir qu'un jour, elle puisse monter sur le trône au côté de son mari. Il soupirait, sachant que la suite ne serait pas une partie de plaisir. Avec précaution, il attrapait ses poignets. Il avait beau faire le pitre, il savait être sérieux et là, c'était l'un de ses rare moment où il ne grimaçait pas, ne jouait pas et épargnait son interlocuteur d'une quelconque grimace. "J'ai dû faire ce qui était bon pour tous. C'est alors dans les flammes que je l'ai quitté." Cette déclaration expliquait son sérieux si soudain. Ce n'était clairement pas le moment de jouer sur la légèreté et pourtant, ce fut plus fort que lui... il explosa de rire face à une Madoka au regard sanguinaire. Doucement, il la lâcha pour passer le revers de ses doigts sur sa joue. "Ne t'inquiète pas, il est vivant." Déclarait-il en espérant la calmer.

Madoka avait mal au cœur lorsqu'elle entendit le ton dégoûté et honteux que prenait Sung Il pour lui parler. Elle avait mal pour sa fierté à lui. Le père Pyo n'avait pas été tendre avec lui, de toute évidence. Son mari se plaignait alors des esclaves mais la brune n'était pas certaine que ce soit de leur faute à eux, néanmoins, elle n'allait pas lui dire. Il était assez froissé pour ce soir, et elle n'avait qu'une seule envie : celle de le réconforter et de lui redonner confiance. Elle se contenta alors de continuer à soigner ses petites plaies, portant un regard doux et attentionné à son époux et éméttant quelques petits bruits qui signifiaient qu'elle était d'accord avec lui – bien que ce ne fut pas forcément le cas. Il devait juste reprendre de l'aplomb après tout. Elle le laissa la capturer dans une étreinte, et toujours obéissante, elle se posa à ses côtés, rangeant ses affaires tranquillement. Une question la tareaudait mais la brune n'osait pas encore en parler.

Et finalement, elle n'en eut pas besoin. Le faux nom de son fils – car pour elle, il s'appelle Jin, un point c'était tout – fut évoqué, et pour son plus grand déplaisir finalement. Elle n'eut même pas le temps de demander des précision qu'il lui agrippait les poignets. Cet acte lui faisait peur. Il anticipait sa colère, elle le savait et Madoka paniquait. Qu'avait-on fait à son fils ? « Pardon ? » Il l'avait laissé dans le feu ? « TU AS FAIT QUOI ? » Son regard s'assombrit d'un coup. Il n'y avait plus d'amour dedans, mais une forte envie de meurtre. Alors qu'il commençait à se moquer d'elle, Madoka se mit à se débattre, retenant ses larmes. Il la lâcha, déclarant que son fils était en vie, mais cela ne suffisait pas. Elle le poussa violemment avant de se poser au dessus de lui pour lui taper le torse. « Il est où ? »  Elle continue, folle de rage. « Où EST MON FILS, SUNG IL ? Je veux le voir! »  

Comme il l'avait pressenti à l'évocation du prénom de leur premier enfant, la lionne était sortie. Hana était un sujet délicat pour Madoka et Sung Il le savait. Il représentait pour elle l'espoir d'être élevée au rang de Pyo, c'était grâce à lui qu'elle conservait son statut de première épouse, même si elle se doutait être la favorite de par la complicité que le couple avait développé depuis l'après-guerre, sans son fils, elle pourrait être relégué au statut de seconde épouse. Cela, il en était hors de question autant pour Madoka que pour Sung Il qui voyait en la jeune femme une amie, une femme, une confidente et la meilleure infirmière qui soi. Il avait une confiance aveugle en elle. Il savait qu'elle serait toujours à ses côtés, qu'elle au moins, elle ne le trahirait jamais mais hélas, il commençait à en douter. En vue de sa réaction, Sung Il commençait à penser que s'il était responsable de la mort de leur fils, elle pourrait bien être capable de le trahir. Elle aussi...
A présent tiraillé entre son devoir pour le clan et sa relation avec Madoka, il tentait de la réconforter mais rien n'y faisait. Elle le rejeta. Sung Il se mordit la lèvre inférieur, conscient qu'il avait fait encore une bêtise aux yeux de sa femme. Dans son esprit, c'était tout autre chose. Il avait agit pour le bien du clan, de la communauté. Impuissant face au choléra, il avait abandonné son propre fils dans les flammes. Que pouvait-il faire de plus pour le bien de la communauté? S'il l'avait ramené avec lui, il aurait dû l'enfermer avec ceux qu'il avait contaminer et les pertes auraient été plus lourde encore. "Je n'ai pas eu le choix..." Murmura-t-il en détournant la tête. Ne pouvait-elle pas comprendre qu'il était trop risqué pour l'Ordre des Insurgés de ramener quelqu'un infesté par ce fléau? Le Capitaine se mordit la lèvre inférieure, attrapant une nouvelle fois les poignets de sa femme. Il devait tout lui expliquer. Absolument tout. Si le destin avait fait en sorte qu'il doive abandonner Hana, le destin s'était aussi arrangé pour qu'il soit vivant, qu'il puisse prouver sa valeur aux yeux de son père et surtout, de son grand-père. Sung Il retourna la situation et Madoka par la même occasion, la couchant dos sur le lit alors qu'il la surplombait à califourchon, ses mains lui retenant toujours les poignets. "Il est dans un bunker antiatomique." Déclara-t-il froidement avant de poursuivre. "Nous avons découvert de la vie plus à l'est. Il y a des gens, des clans. Leur paix est assez instable et je veux jouer dessus pour rallier certains hommes à notre causes, qu'ils nous aident à mettre la main sur cet abri. Pour le bien de tout le clan, je veux cet abri. Ils ont des ressources non négligeable dont des médicaments. J'ai peut être abandonné Hana mais nos prisonniers l'ont sorti de là, lui, et personne d'autre. Il va les affaiblir un temps, je le sais! Il risque de les contaminer ce qui nous laisse du temps pour nous préparer et contre-attaquer. De plus, Hana nous servira d'espion, s'il a bien assimilé tout ce que je lui ai dit durant notre voyage, il va prendre son rôle à cœur." Un sourire timide se dessinait sur ses lèvres. On pouvait sentir dans ses mots que le Capitaine plaçait de l'espoir dans le rôle qu'allait jouer son fils. Avec ces mots, Madoka serait-elle rassurée?

Elle ne retint plus du tout ses larmes, profondément touchée dans son cœur de mère. La peur la paralysait sous le poids de son mari : son enfant, sa chaire, son sang au sein des terres inconnues, et pire maintenant qu'elle l'apprenait, happé par l'ennemi, sous la lâche volonté de son père. Son âme de mère se brisa – elle avait merdé. Elle aurait du lui refuser d'accompagner son père, elle aurait du se sacrifier pour que Sungil enlève cette stupide idée d'emmener son fils avec lui. Elle aurait dû faire tellement de chose. Mais il était trop tard, son fils affaiblit se trouvait entre les mains d'autres. Madoka avait sincèrement peur qu'il les aime. Oui, qu'il les apprécie au point de ne plus vouloir partir. Il s'inquiétait sur ces possibles mères qui peuplaient possiblement cet endroit, à ces femmes tendres qui pourraient s'épendre de sa bouille encore ronde et de son regard brillant. Son Jin à elle, son enfant, son précieux fils. Il aurait pu avoir le choix de mieux traiter ses esclaves, ainsi leur fils n'aurait jamais été touché. Mais la brune se tut, le sel de ses larmes commençant à brûler son regard noisette.

Madoka pouvait sentir la fierté d'un père quand Sungil parlait, elle pouvait comprendre l'espoir qu'il mettait sur ses petites épaules mais c'était un fardeau que son fils ne pouvait porter, il était trop jeune. Elle aurait voulu tout assumer pour lui, la pitié, l'émoi, le chagrin la submergèrent et la première femme ne fit que pleurer. Elle tenta bien de balbutier quelques mots mais ils étaient tous incompréhensible. « Ils vont le tuer... » finit-elle par dire. Ses craintes étaient énormes, des frissons parcoururent son corps et un regard paniqué se planta dans celui de son mari. « Elles vont me le voler, mon fils, elles vont tomber sous son charme, elles vont l'envoûter et me l'arracher. » Elle tenta de se redresser mais la force de Sungil était bien trop haute par rapport à la sienne. « Je veux mon fils Sungil, c'est notre enfant, pas le leur ! Ils nous ne le rendrons jamais... »