tu ne te souviens pas de ton enfance, à vrai dire c'est une partie de ta vie que tu as préféré effacer totalement. tu n'es pas amnésique c'est juste que tu refuses de t'en souvenir. tu n'as sans doute jamais été un enfant désiré, c'est pour ça que l'image de tes parents est floue dans ton esprit. tu sais juste que tu es né là et que tu as du grandir par toi même. le temps a peut-être mal fait les choses mais tu n'as jamais été entièrement seul.

tu sais qu'il est là lui aussi, cette autre toi qui partage la même enveloppe corporelle que toi. on t'as dis il n'y a pas très longtemps que c'était une sorte de dédoublement de personnalité mais tu n'as jamais fait confiance aux médecins et à la science. tu t'en fiche qu'on te dises que tu est malade depuis petit, on t'as forcé à faire des examens et des tonnes de piqûres. on t'as injecté tellement de choses dans le corps que tu es persuadé que la seule chose réellement radioactive ici c'est toi.

tu te souviens n'empêche de la grande crise, la rafle comme tu l'appelles si bien. tu as toujours vécu avec d'autres enfants un peu comme toi, dans un endroit où on abandonnait les enfants... et un jour des gens habillés en noirs sont venus chercher des enfants. tu ne savais pas pourquoi mais tu savais bien que ce n'était pas la dite famille d’accueil que certains espéraient tant voir arriver. toi? tu étais visiblement du camps des faibles à l'époque. tu étais un petit garçon bien trop maigre et trop têtu en apparence. impossible de faire de toi un petit soldat obéissant et utile.

alors t'es resté là encore un peu, il ne restait que les plus faible et les plus malades, et toi tu te retrouvais un peu dans ces enfants là. seulement tu étais intelligent et tu continuais de faire semblant du contraire et ce même à ton plus jeune âge. puis est arrivé la "grande guerre" comme tu l'appelles encore. quand tout les événements graves sont arrivés, tu as survécu. tu t'es retrouvé seul avec un de tes seuls amis de l'époque. tu n'as jamais été un garçon très sociable, très extraverti. tu es même silencieux et tu n'est pas du genre à te mêler au autres, tu sais que cet autre toi pouvait faire du mal à ceux pour qui tu aurais de l'intérêt et de l'attachement.

alors que l'orphelinat (enfin "asile" mais ça à l'époque tu ne le savais pas) était abandonné par les médecins et les soignants, laissant les plus faibles mourir sur place, tu t'étais finalement tiré de là avant de finir dévoré par un fou devenu cannibale. tu ne t'étais jamais dit que tu étais comme eux, on t'avais juste placé dans cet endroit parce que tu avais été violent dans ton ancien "orphelinat" et que tu avais littéralement planté la seringue d'un médecin dans sa jugulaire juste parce que tu refusais de prendre ton traitement. mais en même temps ça te faisait peur et ça te rendais même malade parfois ce qu'ils injectaient. tu ne savais même pas ce que tu avais.

alors tu t'étais sauvé, tu savais qu'il y avait un stand d'archerie abandonné non loin de la petite ville où tu étais. tu t'y étais rendu et là tu avais trouvé un bien bel arc. à l'époque tu ne savais pas encore comment l'utiliser, tu n'avais peut-être que quinze ou quatorze ans. au début tu étais tout seul, enfin pas vraiment tu savais qu'il était toujours là dans ta tête près à prendre le dessus, sans les médicaments tu avais du mal à le contenir, mais plus le temps passait et plus tu finissais pas l'accepter. c'était difficile mais tout le monde avait fuit la petite ville, mais lui il était utile: tu pouvais faire des choses dont tu ne te pensais pas capable. même si tu savais que c'était mal.

tu avais pu rester caché dans les locaux de l'archerie sans craindre les bêtes étranges qui rodaient un peu partout. tu étais petit et frêle, tu savais d'ailleurs te faire discret ; c'était comme un talent inné. tu ne pouvais pas te contenter de voler les restes dans les maisons abandonnées pour te nourrir, tu savais que tu allais devoir finir par t'en aller, partir d'ici. tu avais pu passé un ou deux mois à t’entraîner avec les flèches et cet arc et tu étais plutôt bon. tu avais même trouvé un petit couteau que tu pensais être une dague qui pouvait te servir en cas de problème.

tu volais alors des vêtements, tu profitais de trouver un sac et de quoi te nourrir le temps d'un long voyage, tu prenais quelques flèches, ton arc et ton couteau et tu partais sur les routes. à partir de ce moment là ta vie est devenue une véritable aventure, tu ne savais jamais de quoi allait être fait demain. tu as faillis mourir plus d'une fois et tu es devenu vraiment fort au tir à l'arc, chassant même des animaux pour te nourrir. tu as appris à vivre seul, principalement dans les forêts, comme si tu étais revenu à l'ère primaire des hommes. tu t'en sortais très bien, même si tu ressemblais plus à un animal qu'à un humain civilisé.

mais un jour tu es tombé face à des hommes, bien vivants et bien armés. tu n'étais pas si fou que ça, ils ne te menaçaient pas et même si tu vivais comme un vrai sauvage, tu savais très bien que tu n'allais pas pouvoir faire ça toute ta vie. plus le temps passait et plus cela devenait dangereux d'être seul à la merci de toute ces créatures. c'était les veilleurs, des gens pacifistes qui ne semblaient pas te vouloir du mal. tu as donc décidé de les rejoindre, tant qu'ils te laissaient encore un minimum de liberté.