Yoo Jin est née en 2070 à Séoul, devenue une importante mégapole. Ses parents étaient de grands médecins renommés dans le pays et même dans l’Asie entière. La petite Yoo Jin n’est donc pas issue d’une famille pauvre, au contraire. Éduquée dans les meilleures écoles de la capitale, la jeune fille n’a d’autres choix que de poursuivre sa scolarité comme ses parents le souhaitent. Mais elle n’aura pas l’occasion d’exhausser leur souhait quand la guerre éclata. Au début, il était difficile de s’accoutumer aux restrictions et peu à peu c’était le chaos. Séparée de ses parents à 7 ans, elle ignore encore exactement ce qui est advenu d’eux. Le périple jusqu’au refuge 826 fut long et semé d’embuches, mais c’est avec sa nourrice qu’elle est arrivée saine et sauve, malgré l’horreur qu’elle a pu voir dans ses yeux d’enfant naïf. La guerre, c’était la première fois qu’elle la voyait de près et malgré tout, elle ne réalisait pas à quel point c’était dangereux et cruel. Ce n’est que quand elle vit des enfants de son âge, mourants, qu’elle compris qu’elle ne retournerait jamais chez elle.
La vie dans l’abri était bien différente que celle de Séoul. Fini les privilèges, fini tout. La dure réalité la rattrapait et dès lors, une peur incontrôlable de sortir de nouveau dehors l’habita. Comme beaucoup d’autres habitants du refuge, leur quotidien se résumait aux murs protecteurs de l’abri. D’autres avaient plus de courage pour oser imaginer sortir, et certains étaient déjà volontaires pour une première expédition qui n’arriva que des années après. Et elle qui n’avait jamais eu les choix à faire de sa vie car elle était censée être toute tracée, devait se confronter pour la première fois à ce qu’elle allait faire de sa vie ici dans l’abri. Car il fallait bien se rendre utile si on pouvait. Les premières bases de la médecine était déjà acquises chez elle, quoi de plus normal pour une fille de médecins renommés. Il décida donc qu’elle deviendrait médecin, et quelle trouverait un moyen de soigner les pauvres gens victimes de la guerre, comme ces enfants sûrement morts qu’elle avait vu sur le chemin.
Son adolescence, elle la passa à étudier sans relâche ce que l’on avait pu sauver : des bouquins, des recherches, des dossiers, tout. Chaque information était bonne à prendre pour obtenir le savoir. La pratique était autre. Elle n’avait pas envie de manipuler des personnes vivantes pour les voir mourir de ses mains. Alors travailler sur des corps était peut-être mieux. Vers vingts ans, lorsque Yoo Jin était devenue une belle jeune femme, elle pouvait enfin s’appeler elle-même docteur. D’ailleurs l’abri avait besoin d’elle et les médecins se faisaient plutôt rares. Le sentiment d’être utile, de ne pas prendre de place inutilement, d’aider les autres à panser leur plaie pour guérir les siennes de son enfance…Elle se sentait vivante et reconnaissante. Malgré tout, dans un coin de sa tête, elle regrettait tellement de ne pas avoir revu ses parents. Un père reste un père, comme une mère reste une mère. Même s’ils n’étaient pas la famille la plus chaleureuse qu’il soit. C'est d’ailleurs pourquoi elle s’occupe en priorité des enfants qu’elle soigne avec le plus grand intérêt plutôt que les adultes qui sont plus robustes. Sans s’en apercevoir vaiment, Yoo Jin emprunte la voie que ses parents désiraient pour elle: qu’elle devienne un médecin capable de les égaler.