Il venait de rentrer. Enfin. Il était épuisé. Il était parti peu de temps après qu'ils en eurent fini avec Tôma. Le soir, c'était plus dangereux de sortir seul que la journée mais il n'avait pas voulu rester un instant de plus là-bas. Il avait pressenti qu'il n'en serait probablement pas parti s'il était resté plus longtemps. Il avait donc quitté l'Abri en faisant attention à quel chemin prendre pour ne pas subir plus de dégâts. Il avait été vite et pas trop non-plus pour ne pas attirer plus l'attention des monstres rodant aux alentours.
Quand il aperçut la prison au loin, quelle ne fut pas son soulagement. Il était rentré et il allait pouvoir retrouver sa mère qui avait tant besoin de lui. Son épaule lui faisant encore mal, il avait été obligé de maintenir son bras contre son torse mais il savait que ce ne serait plus qu'un mauvais souvenir bientôt. Comme Tôma ?
Avant de partir, il lui avait donné un rendez-vous sans savoir pour quelle raison. Ne lui avait-il pas dit qu'il le détestait ? Oh que oui il le détestait mais peut-être se détestait-il tout autant. Pourquoi lui avait-il donné rendez-vous ? Et est-ce que Tôma viendrait-il ? Il en doutait et à la fois il l'espérait. Peut-être est-ce qu'il viendrait. Il ne voyait pas pourquoi il ne viendrait pas bien que c'était lui qui avait une dette envers lui et non l'inverse. Bha...

... On verra bien.

À peine rentré, on vint le voir pour savoir comment cela se faisait-il qu'il avait disparu aussi longtemps. Il leur montra son épaule en se grattant l'arrière du crâne. Gêné. Oui, il n'aurait pas dû sortir seul et oui, il avait mal geré sur ce coup-ci. Les gens se dispersèrent et une tête familière fit son apparition auprès de lui.

« Oh, Harum, s'étonna-t-il, Oui, c'était bien. »

Médecin du clan avec qui il était bon ami. Toutefois, elle lui avait toujours paru louche mais il en venait toujours à se dire qu'il l'était plus que n'importe qui au monde. Tandis qu'il se dirigeait vers sa chambre, elle lui posa plusieurs questions. Pas le temps de souffler, il s'arrêta et la regarda. Bha, n'avait-il pas besoin de se changer les idées ? Il n'avait que Tôma en tête et cela commençait à lui courir sur le système. Il avait l'impression de sentir encore ses mains sur sa peau et ses lèvres mordillant son lobe. Il eut envie de vomir.
Il s'excusa auprès de son amie et le pria de l'attendre. Il rentra chez lui, sourit à sa mère. Celle-ci pleura presque en le voyant. Oui, il comprenait : lui aussi se serait inquiété de savoir si son fils était encore en vie. Il posa ses affaires, promit de revenir auprès d'elle vite mais il avait besoin de se changer les idées alors il retourna auprès de son amie.

« Bon, tu veux faire quoi ?, lui demanda-t-il, Pour ma plaie, c'est bon. On m'a soigné. Après si tu veux y jeter un coup d'oeil, libre à toi de le faire. »

Puis, il regarda ailleurs et, gêné, il reprit :

« Puis, tu ne me déranges pas. »

Rien n'avait changé d'un iota durant le temps où il avait disparu. Cela n'avait été qu'une histoire de six ou sept jours, tout au plus. Mais, il l'avait bien pensé : s'il était resté un instant de plus là-bas, il n'en serait probablement pas parti. Enfin, à y croire. La vie à l'Abri n'avait rien de similaire à celle du clan la Main Rouge. Là-bas on n'y semait que rêveries et songes car les belles promesses étaient distribuées chaque matin. On croyait que le monde deviendrait meilleur mais c'était ridicule. À quoi s'attendait-il au juste ?
Il était bien content d'être revenu chez lui car, au fond, c'était ici sa place. À la Main Rouge, au moins, cela respirait l'humanité et on ne se voilait pas la face. On avait conscience du danger et on était prêts à se battre à la moindre riposte. On n'avait pas peur. La seule chose qui nous effrayait était de perdre le seul endroit que les leaders avaient réussi à s'octroyer pour démontrer leur point de vue différent.
Pourtant, la donne n'avait-elle pas changé ? Il y avait Tôma aujourd'hui. Son esprit était embrumé et il ne savait que penser. Ses derniers mots résonnaient encore dans sa tête. Qu'avait-il voulu dire par le fait qu'il n'avait rien à lui apporter ? Ils n'étaient que deux inconnus l'un envers l'autre, ayant juste faillis en couchant ensemble. Cela n'allait pas plus loin ; il n'y avait aucun sentiment.

Bien que ses songes voguent ailleurs, une partie de lui était encore présente face à Harum et il lui sourit quand elle lui fit part qu'elle n'avait rien à redire sur la façon dont cela avait été soigné. Il la laissa ensuite l'entraîner vers les cellules dont une tout à fait vide. Ils n'avaient pas le droit de traîner dans les parages mais Akane était de loin le dernier des crétins à respecter les règles alors il suit, amusé, son amie.

« Pourquoi est-ce que tu nous as amené jusqu'ici ? »

Il s'étira les bras et, un sourcil arqué, regarda les inscriptions sur les murs. Mais qu'y avait-il d'intéressant à y trouver ? Puis, Harum fut subitement face à lui comme de par magie, coincée contre le mur, ses deux mains se posant délicatement sur son torse. On pouvait dire qu'elle ne perdait pas de temps. Il ne savait pas quoi faire. Harum était une jeune femme aux courbes gracieuses alors il paraissait évident qu'elle était plus que jolie. Cependant, il n'avait jamais pensé à elle sur ce plan-là, puis...

« Tu veux t'amuser, hein ? »

Il laissa un sourire espiègle orné son visage et attrapa l'une de ses mèches entre ses doigts.

« Et si je te dis que j'ai rencontré quelqu'un, tu dirais quoi ? »

Wow. Attendez. Pourquoi est-ce qu'il ne lui dit simplement pas non ? Même oui ? Après tout, il n'était pas complètement insensible au charme de la jeune femme. Que venait-il de lui prendre à lui dire qu'il avait rencontré quelqu'un ? Tôma et lui, ça n'avait pas lieu d'être. Ils vivaient tous les deux dans deux mondes complètement différents. Ils n'avaient fait que coucher ensemble, il n'y avait eu rien d'autre. D'ailleurs, il était convaincu que Tôma ne viendrait pas le rejoindre la semaine prochaine. Alors, pourquoi ?

Il lui avait vraiment ensorcelé l'esprit.