Ji Hyo s’est toujours demandée si le destin s’acharnait contre elle. Née en Corée du Nord, la jeune femme a fréquenté dès son enfance les meilleures écoles de la capitale. Son père étant le général de l’armée du Parti, il était donc impossible de concevoir que la fille du général ne puisse recevoir une bonne éducation et donc ne pas être la fierté de son père. Travaillant d’arrache pieds, elle a commencé à se poser des questions lorsqu’elle a entendu une conversation de son père sur les premiers signes d’une guerre nucléaire. Était-ce réellement une bonne chose ? Après tout, elle les voyait ces pauvres gens qui trimait pour quelques sous et qui se donnaient corps et âmes pour leur leader. Mais elle, n’avait jamais eu envie d’idolâtrer ce leader tyrannique son père louait tous les soirs. 2076, un an avant la Troisième Guerre Mondiale. Elle n’avait que 11 ans, mais elle savait déjà ce qu’était une bombe nucléaire et combien ses dégâts allaient être mortels. Elle aura beau supplier son père d’abandonner cette idée, de ne pas déployer la fameuse bombe, elle échouera. 2077, la guerre éclate, et la population nord-coréenne s’effondre rapidement. Contrairement aux pensées du Leader, qui pensait son pays fort et puissant, il n’en était rien comparés aux autres pays comme les Etats-Unis, la France ou encore le Japon. Le pays est ravagé, Ji Hyo est obligée de fuir vers le Sud, laissant derrière elle sa mère et son père restés sur les terres ravagées de Pyongyang. « Un Général n’abandonne pas le Parti, il meurt pour lui, mais toi ma fille, fuit avant que tu n’y restes aussi. » Ce fut les dernières mots qu’elle entendit de son père et aussi la dernière fois qu’elle le vit vivant.
Arrivé à ce qui semblait être Séoul, elle est prise en charge par le service d’immigration. Etrangère à ce pays si familier mais en même temps étranger, elle ne peut s’empêcher de rester sur ses gardes. Des tests ont été fait sur elle, pour voir le taux de radiations, si elle ne contaminerait personne…Mais elle n’avait pas le choix une fois encore. Sans trop savoir comment elle y est parvenue, on l’envoie dans l’Abri 826 où on la confie a une femme sud-coréenne, réticente à s’occuper d’une nord-coréenne. Mais bien vite, on se rend compte que les nationalités ne comptent plus, que ce qui compte c’est de se serrer les coudes et Ji Hyo l’a bien compris. Elle n’a qu’une envie: retourner à l’extérieur pour chercher sa famille, bien que les chances de les retrouver soient de zéro, mais elle y croit encore. Et ainsi, sa première sortie de l’abri se fit à ses dix-huit ans. Elle était costaud, et intrépide, mais le danger qui rôde en dehors de ce cocoon de sécurité la surprend, lui fait ressentir de la peur. Elle n’oubliera jamais ce paysage désolant, ravagé par la radioactivité, par les éclats et les restes de pays autrefois civilisés. C’est un combat pour la survie. Et d’autres comptent sur elle, sur ses camarades pour donner des nouvelles de l’extérieur, de ramener si possible le plus de choses encore utilisables. Malgré ses preuves faîtes dans une équipe, certains doutent encore de sa personne, après tout, elle a fait parti du Nord. Afin de gagner la confiance des autres habitants de l’Abri, Ji Hyo a multiplié les sorties, les exploits ou alors quelques échecs, pour grimper au poste de Leader d’unité, ce qui était pour toi une revanche sur ces insultes, sur ces regards méprisants et aussi sur sa propre volonté souvent piétinée au nom d’un Parti qui est maintenant mort.