Voilà plusieurs semaines que Lia n'a pas pu remettre les pieds à l'infirmerie pour contrôler son état. Les explorations et les recherches pour les disparus ont occupé toutes ses pensées au point qu'elle ne fait et ne pense plus à quoi que ce soit d'autre. Elle a l'impression que plus rien d'autre ne compte, comme si toute sa vie tournait autour de ses disparitions. Si d'ordinaire, elle est jetée corps et âme dans les recherches, le soir quand elle se pose dans sa chambre, la jeune femme se trouve exténuée et lassée. Secrètement, et pour le moins avec beaucoup d'égoïsme, elle voudrait que tout ça s'arrête, qu'on retrouve les disparus, peu importe leur état, vivants ou morts. Puis elle se reprend en pensant à Yeonwoo. Comment peut-elle penser à vouloir que cette enquête cesse quitte à retrouver sa petite protégée morte ? Comme toujours, un long soupire l'ébranle tandis qu'elle s'assoit sur son lit. Elle serait tentée de s'y allonger mais sait que si elle cède à son désir, elle s'endormira et ne se lèvera plus avant le lendemain matin. Pourtant, c'est si tentant. Elle ferme les yeux mais son cœur comme son estomac est tiraillé par l'angoisse. Pas moyen de dormir même si elle le voulait. Rentrant d'un entrainement, elle est transpirée mais commence à grelotter de s'être arrêtée encore trempée de sueur. Il serait grandement temps de se lever pour aller se laver mais encore une fois, c’est à peine si elle en a le courage.

Un long soupire la quitte et c’est ce qui lui donne la force de se lever enfin. L’un après l’autre, elle retire ses vêtements lentement car tout son corps lui fait encore mal, à la fois fatigué par l’entrainement que par ses blessures passées. Ses côtes n’ont pas encore tout à fait guéri car la jeune exploratrice ne s’est pas économisée. Alors si elle arrive plutôt facilement à retirer son pantalon, elle a du mal à se débarrasser de son haut. Lever les bras est encore trop compliqué. Elle sent ses côtes et ses muscles se tendre alors qu’elle croise les bras pour rouler son T-shirt vers le haut et est forcée d’abandonner pour un moment, le temps de reprendre son souffle et ses esprits. Durant les explorations, l’adrénaline était suffisante pour stopper la douleur. Quant aux entrainements, elle a évité de forcer trop sur les bras et les abdos, se contentant de travailler le cardio. Tout allait donc bien jusqu’à ce qu’elle décide qu’elle avait besoin de se laver. Elle ne pouvait pas se contenter de puer jusqu’à la fin des temps. Malheureusement.

Lia tourne le dos à la porte tandis qu’elle reprend sa bataille contre un simple T-shirt mais toujours impossible de vaincre un bête morceau de tissu. Elle entend la porte s’ouvrir quelques secondes avant d’abandonner. Tellement habituée à ce que Mahala entre sans prévenir, elle ne réagit pas à la porte qui s’ouvre derrière elle. Ah tu es là ! s’exclame-t-elle tandis qu’elle se débat contre le T-shirt. Viens m’aider à enlever ce truc, s’il te plait ! Elle râle. J’en peux plus, je vais faire une crise de nerfs, j’ai juste besoin de me laver. Et j’arrive pas à enlever cette saloperie… Elle lâche un soupire mais sourit en entendant les pas se rapprocher derrière elle. Elle n’est pas alerte, à l’abri, et ne fait pas attention à la démarche étrangère qui s’approche d’elle. Ce n’est que lorsqu’elle sent une paire de mains beaucoup plus larges et plus masculines se poser – certes avec délicatesse – sur ses côtes qu’elle se rend compte que quelque chose cloche. Lia fait demi-tour sur ses talons et se retrouve nez à nez avec un homme. Un hurlement lui échappe tandis qu’elle fait un pas en arrière. Ce n’est qu’alors qu’elle le reconnait. Le médecin qui s’est occupé d’elle lorsqu’elle est rentrée couverte d’hématome d’une rencontre plus que fortuite avec le chef de la Main Rouge.

Elle ne se souvient plus de son nom mais elle se souvient parfaitement de son visage quand elle s’est réveillée, le lendemain de son arrivée tumultueuse à l’infirmerie. Elle se souvient de cet homme endormi à côté d’elle. Elle n’a pas pu résister à passer le bout de ses doigts sur son visage pour sentir sa peau parsemée d’une barbe naissante avant de fuir l’infirmerie et de ne plus y mettre les pieds. Voilà qu’il est venu la chercher. La belle coïncidence. Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous cherchez Mahala ? Elle n’est pas encore rentrée.

Elle avait quitté mon cabinet en ne laissant dans son sillage que l'effluve de son parfum, profitant d'un moment d'inattention pour filer et ainsi échapper aux soins que j'avais prévu de lui prodiguer jusqu'à ce qu'elle semble moins... plus vivante. Je m’étais contenté de changer les draps et de nettoyer les instruments en vue d’une prochaine salve de blessés. Mais étrangement, je ne parvenais pas à me défaire de cette image qu’elle m’avait laissé en arrivant aussi mal en point. Je ne comprenais pas, pourquoi elle continuait de hanter mes pensées alors que les autres malades qui foulaient le sol de cette infirmerie n’étaient que de simples passants dont les visages s’atténuaient en quelques secondes seulement ? Je continuais pourtant de vaquer à mes occupations, mettant dans un coin de ma tête ce moment et me concentrer sur le travail qui me demandait une énergie à toute épreuve. Mais le soir venu, mon esprit rejouait cette scène que je savais incomplète. Les jours s’étaient écoulés, parfois trop vite, parfois trop lentement et j’attendais. Des nouvelles de Yeon Woo, des éléments qui me permettraient d’expliquer à Ji Wook pourquoi sa grande sœur était absente. Je conservais un calme implacable et presque inhumain, mais il était mon salut afin d’éviter de sombrer dans la paranoïa. J’appréhendais chaque jour qu’on ne passe les portes de l’infirmerie pour m’asséner une annonce que je ne saurais pas comprendre, puis un soir, alors que le bambin était sous bonne garde, je décidais de rendre une visite surprise à mon ancienne patiente. Mon poing percuta la porte de sa chambre en un bruit sec, mais personne n’y répondit. Était-elle rentrée ? Avait-elle aussi disparue ? Gardant mon sang froid, j’appuyais sur la poignée qui pivota alors que je poussais le battant. La pièce n’était pas fermée à clé, preuve évidente que la chambre était occupée à cet instant, mais je ne savais si j’allais y trouver Lia ou Mahala. Mes doutes furent balayés aussi rapidement qu’ils étaient venus alors que mon regard se posa sur une silhouette coincée sous son t-shirt, se débattant contre le tissu qui l’écrouait. Ses longues jambes exposées, je jouissais d’une vue particulièrement saisissante alors qu’elle tentait de se défaire de son vêtement en m’interpellant. S’adressait-elle à moi ? Ou, pensait-elle tomber sur sa colocataire ? Peu m’importait, seule la douleur qui faisait trembler sa voix acheva de me convaincre et de l’aider dans cette tâche qui semblait si ardue. Ses remarques m’arrachèrent un sourire, mais je gardais le silence en posant les mains sur son buste, guidant ses gestes pour la libérer du coton. La surprise étira ses traits et se manifesta par un cri qui la poussa à faire un pas en arrière. Je la rattrapais de justesse en glissant une main dans son dos, nullement impressionné par sa nudité relative, j’avais vu et examiné tellement de corps que je demeurais imperturbable. Néanmoins, cette proximité réveilla l’homme d’ordinaire endormi que je décidais de bâillonner. « Ce que je fais ici ? » Le rictus étira à nouveau mes lèvres. « Je ne cherchais pas Mahala non. En revanche, ta difficulté à te défaire d’un simple maillot est une preuve suffisante de ma présence non ? » Je relâchais mon étreinte pour lui rendre sa liberté et surtout regagner la mienne. Raclant ma gorge, mes yeux glissèrent sur la pièce avant de s’attarder de nouveau sur Lia dont la tenue provoquait en moi quelques pensées voluptueuse. Mais la grimace qui ornait son visage muselait l’homme dont l’appétit prenait un chemin que je voulais éviter. Plus jamais à une exploratrice ! Je ne pouvais, en revanche, cependant décemment pas la laisser dans cet état. « Je m’en irais quand j’aurais pu confirmé que tu es capable de t’occuper de toi, seule ! » D’un geste, je lui désignais la salle de bain. « Et effectivement, je pense que tu as besoin de prendre un bon bain ! » Je l’y accompagnais, croisant les bras sur mon torse, attendant qu’elle ne finisse par craquer sous la douleur et qu’elle ne demande finalement l’aide dont elle avait besoin. Parce que j’en étais certain, elle en aurait besoin. « Ne joues pas les pudiques devant moi, je suis médecin je te rappelle ! »

Lia hausse les sourcils. Elle n'était pas du tout en train de se battre avec son maillot, non. Pas du tout. Elle faisait juste des étirements. Non, pas crédible, vu les gémissements qu'elle lâchait, surtout qu'il a du l'entendre râler et s'énerver. Le tissu n'est pas complètement retombé sur son corps si bien qu'il dévoile encore une partie de son ventre plat où les muscles se dessinent de manière encore vague. Autant dire qu'elle cache bien son jeu et, une fois toutes ses forces revenues, pourrait aisément mettre à terre un homme comme Ji Hyuk. Ou un homme sachant se battre. Lia pose ses mains sur ses hanches malgré la douleur que ce geste procure, et n'en démord pas. Elle hausse les épaules et secoue la tête. Pas du tout, tout va très bien, répond-t-elle froidement. Elle a du mal cependant à ignorer le regard de cet homme qui se balade sur son corps à moitié nu. Sans qu'elle puisse les en empêcher, ses joues prennent une délicate teinte rouge. Ce n'est pas déplaisant, juste passablement déroutant. Assez pour qu'elle croise les bras devant elle afin de tenter désespérément de cacher sa nudité jusqu'à ce qu'elle se rende compte que Ji Hyuk a bien vite cessé de la dévisager. Elle laisse échapper un imperceptible soupire de soulagement mais se trouve néanmoins bouleversée par le regard qu'il a posé sur elle. Un regard pendant quelques secondes plein d'envie. Que voulait dire ce regard ? Elle en frissonne rien qu'en y repensant. Au moment où elle relève la tête, il continue sans lui laisser le temps de se défendre.

Serait-il en train de sous-entendre qu'elle sent mauvais ? Elle redresse la tête et le fixe avec hargne. Pendant un instant, avec son regard sur elle, elle en aurait presque oublié son mauvais caractère. La jeune femme le suit sans rechigner jusqu'à la salle de bain. Ça tombe bien, c'est exactement ce que je comptais faire, répond-t-elle en le bousculant presque pour entrer. Leur salle de bain est sommaire mais elle dispose néanmoins d'une baignoire assez large et aux angles doux. Les deux jeunes femmes possèdent également un lavabo chacune avec un miroir où Lia ne supporte pas de se regarder. Le sien est d'ailleurs recouvert d'une serviette de bain. Elle ne s'en sert que lorsqu'elle en a vraiment besoin mais, ne se maquillant jamais, elle n'a pas encore eu à toucher la serviette. Médecin, oui... Pour une raison qui m'échappe, j'avais complètement oublié ce petit détail. Lia est railleuse, une attitude qui malheureusement lui convient parfaitement mais qui donnerait envie à n'importe qui — et même à elle, si elle se voyait — de se coller des gifles.

Avec un air de défi, elle se dirige vers son lavabo et attrape une paire d'énormes ciseaux qui auraient plutôt eu leur place dans un atelier de bricolage mais par ces temps incertains, on faisait avec les moyens du bord. Il est assez difficile de deviner ce que Lia compte faire avec ces ciseaux, d'autant qu'elle les tient à la manière d'un poignard. Mais finalement, elle change la position de ses doigts sur le manche et entrouvre les lames qu'elle pose contre le bas du T-shirt et y fait une longue entaille avant de lâcher la paire de ciseaux qui tombe sur le carrelage. Elle se saisit des pans du haut et le déchire avec beaucoup plus de force qu'elle ne semble en avoir, libérant ainsi sa poitrine qui reste néanmoins encore enserrée dans une brassière rouge. Elle n'a pas encore réellement retiré son T-shirt mais il est déchiré, pendant de ses épaules comme un gilet. Voilà. Je peux m'occuper de moi toute seule. Pars, maintenant. Elle fait mine de rien. Mine de ne pas savoir qu'elle va souffrir quand elle va devoir se tordre les bras pour retirer les lambeaux de tissus.

Elle marche vers la baignoire et fait couler de l'eau. Chaude, l'eau, car elle se sent encore frissonner à cause de la transpiration qui sèche sur sa peau légèrement hâlée. Quand elle se retourne, Ji Hyuk se tient toujours dans l'embrasure de la porte de la salle de bain. Elle soupire et lève les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'il te faut pour que tu abandonnes ? Ses pieds nus foulent le carrelage de la pièce tandis qu'elle s'avance vers lui. Aide-moi à retirer mon soutien-gorge et tu pourras y aller.

Pourquoi s’acharnait elle à affirmer aller bien alors que ses membres crispés et la grimace qui ornait son visage était la preuve du contraire ? La fierté féminine ? La stupidité ? N’avait-elle pas conscience que ses blessures récentes lui nécessitaient un traitement et des soins qu’elle négligeait en toute conscience ? Décidément, elle me rendait la tâche difficile. Peu importe à quel point je conservais ce professionnalisme qui me caractérisait d’ordinaire, le regard de l’homme se posa avec appétit sur un corps aux courbes douces avant de disparaître derrière les yeux observateur du médecin qui décelait déjà les complications à venir si elle continuait à s’entêter. Sur un ton froid, je lui désignais la salle de bain, et lui fit la promesse muette de m’assurer à l’y envoyer en m’assurant qu’elle ne s’étale pas de tout son long sous la douleur qui l’assaillait. « Oublié ? Je suis l’un des rares capable de te soigner. Tu devrais éviter d’omettre ce genre d’informations. » Si elle employait le ton de la moquerie, j’optais pour la froideur habituelle qui enrobait chacun de mes mots. Je la regardais évoluer dans la pièce aux murs de céramique avant de la voir s’emparer d’une paire de ciseau. Ses doigts glissèrent sur le plastique et son regard changea alors qu’elle semblait prête à attaquer avec son arme de fortune. Mais elle ne me faisait pas peur, je savais que je pouvais la maîtriser d’une seule main si elle venait à mettre à exécution ses idées saugrenues. Sa main chuta, et le ciseau avec pour que finalement le métal viennent déchirer le tissu dans lequel elle était toujours prisonnière. Son geste m’arracha un sourire alors qu’elle aurait pu tout simplement demander de l’aide. Mais la fière exploratrice ne semblait pas vouloir s’abaisser à une telle requête, m’écartant au passage et me délestant d’une aide potentielle que j’étais seul à pouvoir lui apporter à cet instant. Se moquait-elle de moi ? Cherchait-elle à me mettre au défi ? La lueur victorieuse qui éclaira ses prunelles me donnait envie d’en savoir plus, à tel point que je me surpris moi même à rester dans cette minuscule salle de bain plutôt que de retourner aux côtés de mon fils probablement déjà endormi. « Pars ? Tu me donnes des ordres maintenant ? Peut être es-tu maîtresse des lieux à l’extérieur, mais dans l’abri, personne n’a autorité sur moi. Ne t’ai-je pas prévenu ? Je ne partirais que lorsque je serais sûr que tu ne feras pas un malaise à cause de la douleur, alors vas-y, joues les super héro. » Peu importe combien elle tentait de m’éloigner, je campais encore et toujours sur mes positions, droit et fier. Têtu surtout. Et je fus le premier surpris quant à sa demande. Craquait-elle enfin ? Sans attendre de réponse, je fis glisser mes doigts sur le tissu en lambeau pour le déchirer davantage et le réduire à l’état de guenille, pour m’approcher d’elle et l’encercler de mes bras alors que j’attrapais le fermoir de son sous-vêtement et l’en défaire aussi facilement. À demi nue devant moi, elle m’offrait un spectacle des plus splendides, mais je me fis douleur pour ne pas céder. Le médecin avait une conscience bien trop exacerbée pour laisser place à l’homme. « Faut-il que je t’aide pour le reste ? » Le temps sembla s’arrêter. Pendant quelques secondes, la discussion muette qui se joua entre nous m’avait fait oublié l’eau qui coulait encore, mais je m’arrachais à ce moment pour aller couper le robinet alors que la baignoire dégageait une chaleur agréable. Me retournant vers elle de nouveau, je m’asseyais sur le rebord de la baignoire, lui montrant l’eau dans laquelle elle devait désormais se plonge, attendant et guettant les signes habituels d’affliction qui, j’en étais sûr, ne tarderaient pas à se montrer. « Entre. Et je m’en irais ensuite. »

L’exploratrice à l’égo n’ayant d’égal que sa fierté mal placée observe le médecin avec un furieux air de dédain. Qu’il dénigre son habilité à donner des ordres, passe encore, mais qu’il la traite de super héros avec tant d’ironie. Si elle le pouvait, elle le giflerait sans attendre mais, à la place, elle préfère penser aux conséquences que cet acte malheureux pourrait engranger. Cela la calme suffisamment pour ignorer cette remarque puérile. C’est la douceur de ses mains qui courent autour de son buste pour trouver l’agrafe de son soutien-gorge dans son dos qui fait frissonner la jeune femme. Elle n’a plus l’habitude d’être si doucement touchée depuis bien trop longtemps. Elle baisse les yeux, honteuse de ressentir quoi que ce soit à cette caresse aussi délicate qu’involontaire. Mais elle a frissonné, ça, elle en est sûre, tout comme elle est sûre que son vis-à-vis l’a remarqué. Il a réussi à lui clouer le bec, exploit d’ordinaire infaisable. Elle ne sait même pas si elle souhaite répondre à ses moqueries. Perturbée comme elle l’est, elle serait parfaitement capable de lui dire qu’il n’y a pas que pour se déshabiller qu’elle a besoin d’aide.

Lia s’approche de la baignoire à pas lents et feutrés. Elle n’a pas encore retiré la partie inférieure de ses sous-vêtements. La pudeur étreint sa gorge. Devant son regard scrutateur, elle n’ose pas se mettre nue, bien qu’il la réchauffe. Il lui fait ressentir des choses qu’elle ne se rappelait plus pouvoir ressentir. La voix qui lui demanderait de sortir reste bloquée dans la gorge fine de l’exploratrice. Mais soudain, sans qu’elle puisse contrôler ses gestes, ses mains remontent à ses hanches et ses doigts agrippent le tissu de sa culotte pour la faire lentement glisser le long de ses jambes élancées. Ses côtes ne lui font pas mal car le mouvement n'est pas aussi violent que ceux effectués pour retirer son haut. Le tissu glisse de ses jambes tandis qu'elle lève les yeux. Son regard croise celui du médecin et le soutient avec défi.

Encore quelques pas vers la baignoire, tandis que Lia délaisse le dernier bout de tissu qui couvrait son intimité. Elle se plante devant le médecin plus têtu qu'une mule et doit baisser la tête pour le regarder. Lever sa jambe assez haut pour enjamber le rebord de la baignoire et se décaler sur son autre hanche pour lever la seconde jambe lui ferait beaucoup trop mal et elle redoute cette douleur. Et puis, elle ne sait pas ce qui lui prend. Elle est nue, sans gêne devant ce médecin qu'elle connait à peine mais qui l'a vue plus fragile que quiconque. Et elle ne se sent pas nerveuse face à lui. Peu importe qu'il puisse la voir entièrement nue, peu importe qu'il puisse voir ses seins ronds et galbes, la ligne abdominale qui part entre sa poitrine et descend jusqu'à son nombril, ses nombreux tatouages colorés ou encore le triangle sombre de son intimité entre ses jambes fines. Sans comprendre pour quoi, son regard sur elle ne la dérange pas mais elle garde la tête baissée, le regard triste d'un mal-être qui ne la quittera jamais.

Elle a beaucoup de cicatrices sur le corps, dont une en particulier, celle d'un enfant qu'elle n'a jamais vu, formant un arc de cercle sous son nombril, partiellement dissimulée par ses tatouages. Je ne peux pas entrer seule. Cet appel à l'aide semble lui arracher la langue, pourtant, elle se laisse quand même le formuler à cet homme qui semble si ardemment vouloir l'aider sans qu'elle sache réellement pourquoi il s'obstine tant après elle alors qu'il doit avoir des dizaines d'autres patients à aider et à soigner. Shin Ji Hyuk... Bien entendu, elle a pris soin de se renseigner sur lui tout en se prétextant qu'il ne l'intéressait absolument pas mais qu'il était toujours utile de connaître son nom, au cas où elle aurait à refaire un séjour à l'hôpital. Qu'est-ce que tu cherches ?