Un cri déchire l'atmosphère, un homme lui vole sa pudeur, elle n'avait rien demandé ta mère. Elle ne faisait que passé par là, au mauvais endroit au mauvais moment. Et ce gamin. Ce sale gamin a abusé de la femme fragile qu’était ta mère.
Avant ta naissance, elle te détestait sans te connaître, tu étais la preuve irréfutable de sa faiblesse et de la violence de cet ado. Et pourtant, lorsque tu es né, elle est tout de suite tombée amoureuse de toi. Tu étais son fils, la progéniture sale de celui qui avait osé la souiller sans vergogne, mais après tout, toi, tu n'avais rien demandé à personne, tu étais juste né, comme ça un jour froid de mois de novembre. Et ton visage de bambin l'a tout de suite séduite. Comment avait-elle imaginé à un quelconque moment qu'elle ne pourrait pas t'aimer ? Toi petit être indésiré qu'elle voulait désormais à tout prix protéger.
T'as grandi dans l’abri, toute ta vie, couvert et soigné par ta mère. Ta mère, elle te racontait beaucoup d'histoires , des histoires de dehors , des histoires du monde avant la guerre , et toi , t’étais passionné , t'as grandis dans cette optique de vivre dans un monde meilleur a tout prix.
Durant ton enfance, tu as vécu comme tous les petits garçons de l'abri, jouant dans ta toute petite chambre, écoutant les récits de ta maman, apprenant a lire et à écrire avec les autres enfants.
À vrai dire, ta vie n'a pas été la plus horrible qu'il soit en ces périodes de post guerre ! De toute façon, tu n'avais hélas jamais connu mieux.
Mais tu as grandi, et en grandissant, il y a des choses que tu as appris à comprendre ! Pourquoi certain enfant ont un papa et pas toi ? Pourquoi maman ne mange pas beaucoup ? Pourquoi elle pleure le soir ? Elle ne voulait pas te sortir de ta bulle, ta bulle de rêve et d’espoirs de pouvoir découvrir ce monde qu'elle T'a décrit... Ce monde qui n'existe plus.
Tu as dû attendre l'âge de tes 15 ans pour apprendre toute la vérité et ne plus vivre dans ta naïveté, a force de trop vouloir te protéger, ta mère en avait oublié de te préparer à l’éventualité d'une vie plus dure.
Et c'est là qu'elle t'a tout raconté, la façon dont tu as été créé, la façon dont elle a souffert même si a ce moment-là, t’étais la meilleure chose qui lui soit arrivée dans la vie. Tu l'as un peu forcé à te le dire, beaucoup trop curieux, au fond t’espérais que ton père soit de ces héros qui sortent dehors et sauvent le monde ... Mais rien de tout cela.
Et aussi, elle t'a annoncé qu'elle n'en avait plus pour longtemps a vivre, que bientôt, tu allais devoir te débrouiller tout seul, comme un homme. Parce que c'est ce que tu es n'est-ce pas ? Mais toi t'étais pas prêt. Tu ne voulais pas la perdre ta maman. À l'instant où elle t'a annoncé son tragique destin, tu as tout fait pour lui faire vivre les meilleurs mois de sa vie, souriant a n'en plus pouvoir alors qu'au fond, tu avais tellement envie de pleurer, d'exprimer toute cette tristesse et cette haine. Mais tu ne le pouvais pas, elle était encore là.
Mais, quelque mois après ton seizième anniversaire, elle a émis son dernier souffle, te laissant seul, abandonné et perdu.
Tu l'as très mal vécu, tu le vis encore très mal. Tu évites le sujet a tout prix. Tu as passé des heures a pleurer, à te battre pour évacuer et tout ce que t'as trouvé pour te repérer, c'est de le détester, cet homme qui a fait souffrir ta mère. Maintenant que ta mère est morte, t'as décidé que c’était au tour de ton père, comme si tu voulais lui faire payer a lui toutes les misères qu'elle avait vécues ... Pourtant, elle t'a juré qu'elle ne lui en voulait plus ... Mais toi, tu lui en veux. Tu le détestes.
À la mort de ta mère, t'as décider de sortir, de ne plus rester enfermé. Tu ne sais pas qui est ton père, mais tu sais d’où il vient.
T'as rejoint les explorateurs il y a quelques mois, tu n'es encore qu'une recrue, une sorte de stagiaire qu'il faut former a la survie en extérieur.
À l'heure qu'il est, tu passes plus de temps dehors que dedans, comme si tu voulais fuir. Mais aussi surtout parce que ce vent qui passe dans tes cheveux, et toutes ses choses que tu découvres dehors te font te sentir mieux. Tu n'es cependant encore jamais parti très loin.