Le monde a changé, le monde a vieilli.
Ce n’est plus qu’une terre de désolation peuplée de monstres en tout genre et pas seulement des animaux. Les humains ont tout détruit, tout ravagé sur leur passage alors que cette terre leur a été offerte pour qu’ils en prennent soin. A la place, ils ont créé, jeté des bombes et rayé d’innombrables lieux de la carte. Plus rien n’est comme avant, plus rien n’est possible à moins de former des alliances, de trouver des liens autour de soi pour avancer un minimum. Mais, s’il faut jouer cette carte-là, alors soit, mais le leader qu’est devenu Heisuke ne laissera plus personne périr. Les êtres humains ont assez souffert.

Les veilleurs.
Un nom, un seul, pour lequel il se bat désormais depuis quelques mois, quelques années. Il veut voir la paix s’installer, non plus le sang dévaler les montagnes. D’ailleurs, c’est là-haut, dans des grottes que le camp s’est posé. Ils s’y sont développés, créant un marchandage avec l’Abri car ils sont devenus des alliés. Heisuke tente de revenir en des temps immémoriaux où les trocs, les échanges, fonctionnaient à merveille. À eux tous, il est certain que l’horreur cesserait de frapper à leur porte. Un jour ou l’autre, le clan de la Main Rouge finira par se retirer. Le monde ne mérite pas de mourir de cette façon.

Pour comprendre pourquoi Heisuke revendique aujourd’hui ses droits et souhaite faire approuver ses valeurs morales aux autres il faut remonter dans son passé.
Issu d’une famille japonaise relativement classique, il n’en a néanmoins pas moins reçu une éducation stricte basé sur des principes moraux très axés dans le côté social. Il a appris à être intéressé par les autres et pour les autres même si, à l’école, il a assez vite été repoussé par ses camarades. Avancé pour son âge, intéressé par des questions que les autres ne connaissaient même pas, il a été catégorisé tout de suite de solitaire et mis à l’écart. Il n’en a pas pour autant détesté l’être humain car il était entouré de quelques très bons amis qui l’écoutaient et l’appréciaient à sa juste valeur. Les études se sont enchaînées, la biotechnologie s’est révélée être son domaine de prédilection et il a rédigé une thèse sur une éventuelle possibilité de créer du sang artificiel.

Mais rien n’allait bien autour de lui. Le monde courait à sa fin, à sa perdition.
Envoyé au service militaire par son père, c’est là-bas qu’il a appris à se battre, à se défendre, mais surtout à ne pas espérer qu’un jour les choses se dégraderaient davantage. Il en est revenu endurci (même s'il n'a pas pu le terminer à cause des bombardements qui avaient déjà débuté) auprès des siens, de sa petite-amie coréenne à laquelle il s'était fiancé. Il a poursuivi ses études avec succès, a finalement épousé la femme de sa vie pour ensuite lui offrir deux adorables enfants. Malheureusement, la guerre avait éclaté depuis un moment. Le monde a brûlé sous les coups et les bombes. Heisuke y a absolument tout perdu, se retrouvant veuf en un clin d’œil. Il a haï ses ennemis, il les a haï du plus profond de son âme avant de se relever et d’imaginer une toute autre fin à cette histoire. Sa femme n’aurait jamais voulu qu’il devienne un monstre à son tour ; ce n’était pas non plus le modèle qu’il souhaitait être pour ses enfants.

Son meilleur ami est devenu un monstre, mais lui n’en serait pas un.
À feu et à sang, brûlé lui-même à vif par toutes les horreurs qu’il a vu à la guerre, qu’il a subi dans son cœur, il s’est exilé dans la montagne pour son clan, les veilleurs. Il les a menés dans les grottes, s’est installé là pour tout reconstruire, pour essayer de gagner par la bonté des hommes. Heisuke se tient droit et prêt pour que rien ne recommence.